« Le maire bâtit une ville fictive ». C’est par ces mots que Jean-Yves Morel introduit son speech. C’est tout autant en tant que conseiller d’opposition que de candidat qu’il livre en vrac des « pièces à conviction » dont son équipe a été destinataire.
Avant de lever le voile sur d’autres affaires, il ne peut s’empêcher de rappeler que la commune a été maintes fois visée pour des incohérences en matière de gestion foncière. Ses flèches sont lancées sur deux opérations symboliques. La première est décochée à l’adresse des empiètements sur les terrains communaux dans le lotissement Jujubes « en faveur de camarades privilégiés du parti et de la CGTR », déclare le candidat de l’union de droite qui salue à ce titre le « travail sérieux » de l’ADIP.
La deuxième attaque vise le rachat à Jean-Max Hoarau, « cet autre camarade aujourd’hui bien discret », du Domaine des Bois de Senteur, en 2007, « pour la bagatelle de 957.065 euros ! Soit bien au-delà du prix des domaines. Tout cet argent pour une maison illégale, construite sur un terrain classé en zone agricole protégée… », commente Jean-Yves Morel. Un maire touché mais jamais coulé, rappelle Jean-Yves Morel, qui espère qu’il saura cette fois-ci s’expliquer sur d’autres interrogations qui émergent dans la dernière ligne droite de la campagne.
Lors de la présentation de sa liste il y a deux semaines, le maire Roland Robert dévoilait la présence d’Erick Fontaine, administrateur de la CNL (Confédération Nationale du Logement), connu notamment pour son implication dans le sort de la cité spencer au Port. Le respect par La Possession des 20% de logements sociaux y avait été salué comme valeur d’exemple pour les autres communes. « Nous allons révéler ce que M. Fontaine ne veut pas voir, lui la caution morale du maire sortant sur la question du logement », déclare Jean-Yves Morel.
Grâce à un document interne à la mairie très récemment transmis, le candidat évoque le cas étonnant des occupants des programmes de LTS (Logements très sociaux) de la cité Louise à la Rivière des Galets, André Robert au camp Magloire, cité du 20 décembre 1848 en plein centre-ville et enfin ceux de la cité Raymond Vergès à Saint-Laurent. Selon les tableaux de suivi des échéances de paiement des loyers réglés par ces « familles très modestes », elles continuent de payer un logement qui devrait pourtant leur appartenir depuis belle lurette. Sur ces documents de suivi des encaissements, des familles en arrivent à payer des surcoûts qui vont, selon les foyers, de 7 ou 8.000 euros, à plus de 40.000 euros.
Pourquoi la mairie ferme les yeux et continue d’encaisser ces trop-perçus ? Jean-Yves Morel avance son hypothèse. « Ces familles sont maintenues dans une certaine forme de dépendance, c’est la méthode du Parti communiste », affirme-t-il. Pire, elles sont privées de la certitude d’un patrimoine transmissible à leurs enfants, à défaut d’un titre de propriété.
La « fausse mixité sociale » du Coeur de ville
Toujours dans ce même registre de la non transparence, Jean-Yves Morel aborde ce qu’il appelle la « fausse mixité sociale » dans l’opération Cœur de ville, annoncée à 1.545 logements « à grand renfort de communication, plaquettes et conférences de presse », ajoute, ironique, le candidat. Selon les informations qu’il a pu obtenir, aucun LES (logement évolutif social) n’est prévu dans le futur coeur de ville là où 40% de logements sociaux, notamment en accession à la propriété, sont annoncés. Un état des lieux opposé au discours officiel que révélait déjà il y a 15 jours Jacques Siou, responsable du service habitat. Le dispositif PLSA (Prêt Social Locatif-Accession), bien présent sur le projet, « ne concerne que les familles relevant d’un revenu supérieur à deux fois le SMIC », fait remarquer Jean-Yves Morel. « Coeur de ville » serait donc bien loin de proposer une solution aux familles les plus modestes.
Sans gommer cet aménagement phare de l’actuelle mandature, le candidat, s’il est élu, veut toutefois le remodeler pour que les Possessionnais puissent vivre en centre-ville. « L’opération Cœur de ville sera socialement clivante si l’on reste dans le schéma actuel », prévient-il.
La RHI « détournée » de son projet initial
Décidément bien informé sur ces questions de logements, l’équipe de Jean-Yves Morel conclut sa conférence de presse sur le « scandale de la Ravine Lafleur ».
Pensée comme une opération RHI (Résorption de l’habitat insalubre), mais surtout pour régulariser la situation de familles sans titre depuis toujours sur du terrain communal, elle aurait fini par se détourner de sa feuille de route. Les 33 opérations LES qui étaient prévues en 2008 ont été déprogrammées le 3 septembre 2013, en comité de pilotage, avec l‘approbation de la mairie. Une volte face que le comité de pilotage attribuait à « la situation naturelle du site (classée dans le Plan de Prévention des Risques, ndlr) et des contraintes règlementaires. Les projets en LES priorisés aux familles recensées dans la RHI ne peuvent aboutir », décrivait le compte-rendu. En parallèle, les bons terrains sur ce secteur ont été vendus.
« Pourquoi seulement l’assiette de terrains destinés à l’implantation des LES est-elle impactée par le Plan de Prévention des Risques, alors que les bons terrains ont été vendus à des militants au prix de 15 à 20.000€ », interroge Jean-Yves Morel qui relève, parmi les heureux bénéficiaires, le nom de la compagne d’un colistier du candidat et maire sortant.