Samedi 12 avril, le conseil municipal de la Possession se réunissait en l’espace d’une semaine pour une seconde fois. Au menu, une succession de douches froides énumérées par Vanessa Miranville concernant l’état des finances laissées par son prédécesseur. En tout et pour tout, 10 millions d’euros de déficit jusque-là jamais ébruités.
Passés cinq jours d’un silence entretenu en raison de l’état de santé de Roland Robert, l’opposition réagit enfin. C’est le duo Patrice Lauriol/Jean-Hugues Savigny qui monte au créneau.
Il revient à Jean-Hugues Savigny, ex-adjoint aux finances, d’apporter sa lecture forcément contradictoire de ce qui a été annoncé par la nouvelle équipe. « Mme Miranville ne peut pas dire qu’il y a 10 millions de déficit et demander ensuite 3 millions aux banques. La raison en est simple : il n’y a pas de déficit. On va l’expliquer », embraye avec assurance Jean-Hugues Savigny, sûr de sa démonstration.Des 10 millions évoqués, l’ancien élu de la majorité de Roland Robert décortique les tableaux de comptabilité qu’il a lui même élaborés il y a quelques semaines.
Les 3 premiers millions proviennent des soldes de « reste à réaliser » (RAR). En faisant l’addition du solde de gestion des restes à réaliser (1,3 M) en fonctionnement et le solde de gestion en investissement (1,6 M) « elle a trouvé approximativement les fameux 3 millions d’euros », explique-t-il.
Or, il s’avère que dans la pratique, la section de fonctionnement est le plus souvent quasi intégralement encaissée quand, au contraire, des factures continuent d’arriver même après la date d’arrêt des comptes. Automatiquement, ces montants sont basculés dans les restes à réaliser. « Il y a plus de restes à réaliser car les vitesses ne sont pas les mêmes. Elle a fait l’erreur de détacher la ligne des RAR de la ligne des réalisations », conclut pour cette première partie le professeur de maths.
Il reprend quasiment la même démonstration pour les autres 2,4 millions d’euros (ndlr : affichés à 2,7 samedi dernier en conseil) des « engagements soit-disant non budgétisés ». Pour l’ancien adjoint, les investissements qui arrivent en fin d’année voient leurs ordres de service signés pour une simple raison d’obligation contractuelle car « les subventions sont souvent conditionnées à l’engagement des travaux avant la fin décembre ». Dans les faits, les travaux ne commencent réellement qu’après la trêve du BTP, soit fin janvier. Voilà pourquoi « ce montant doit être rattaché dans les restes à réaliser. L’erreur de Mme Miranville a été de ne prendre en compte que les dépenses sans les recettes en face », pointe du doigt Jean-Hugues Savigny. « L’honnêteté aurait voulu qu’elle ajoute des soldes avec des soldes« .
La crainte que les projets soient stoppés à cause de ce « faux déficit »
Le troisième et dernier élément de ces 10 millions sont les « fameux engagements de 2014 pour un montant de 4 millions. Là encore, elle ne prend en compte que les dépenses sans prendre les recettes en face qui sont de 1,5 millions d’euros« .
« On ne peut pas croire qu’il s’agisse d’une ignorance », conclut l’ancien adjoint qui laisse le soin à Patrice Lauriol d’interpréter la raison pour laquelle la nouvelle maire a pu vouloir communiquer sur « un faux déficit« .
« Son idée c’est de défaire les projets en cours », en utilisant ce prétexte selon les deux opposants non élus mais les plus visés par ces questions. En piochant ci et là des interventions dans la presse de Vanessa Miranville, Patrice Lauriol s’inquiète de la remise en cause de nombreux chantiers par la nouvelle équipe. Zac coeeur de ville, la réfection de la rue Thorez, le skate parc, l’hypermarché l’R du temps de Moulin Joli, la piscine olympique : autant de chantiers entrepris par l’ancienne mandature. Les deux hommes craignent d’un coup de frein pur et simple.
Entre craintes exagérées et réalité, le vote du budget avant la fin avril en apprendra beaucoup aux deux opposants sur les intentions réelles de Vanessa Miranville. « Notre conférence de presse est là aussi pour l’obliger à clarifier ses intentions », conclut Jean-Hugues Savigny.