Les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets. Les grands frères de l‘Union de la Jeunesse Résistante Réunionnaise et de l’association Clandestins unissent leurs efforts pour désamorcer la tension qui monte dans les quartiers de Saint-Louis.
Les membres des deux associations tenaient une conférence de presse hier à Saint-Louis, quartier la Palissade. Les cibles de cette communication étaient doubles. D’un côté la mairie et les pouvoirs publics au sens large, de l’autre la jeunesse sans emploi des 22 quartiers de Saint-Louis.
Dans la foulée des émeutes de février-mars 2013, des contingents de contrats aidés avaient été octroyés dans l’urgence par les municipalités touchées par la révolte de la rue. Saint-Louis n’y dérogeait pas.
Un « appel au calme »
Comme il fallait s’y attendre, ces contrats d’une année sont déjà arrivés à terme ou proches de l’être. Grâce aux remontées du terrain qu’elle peut obtenir de ces relais dont fait partie l’association saint-louisienne Clandestins (contraction de « clan » – « destins »), l’UJ2R intervient pour « faire un appel au calme », explique Alexandre Lai-Kane-Cheong. « Nous intervenons en tant qu’avertisseur pour les institutions. Mais on n’est pas dans l’invective », cadre-t-il sereinement.
Il faut savoir que la tension couve depuis le 23 juin, si l’on en croit les acteurs associatifs en lien avec leurs frères de Saint-Louis. Raison pour laquelle « on reprend notre bâton de pèlerin », annonce le porte-parole de l’UJ2R. Pas question de verser dans le fatalisme, l’UJ2R n’a d’ailleurs pas été créée dans cette optique. Alors c’est sous l’angle de « la recherche de solutions pacifiques » en laquelle les jeunes veulent croire.
« Nous savons que la situation financière des collectivités est difficile avec notamment la baisse de leur dotation globale. Et c’est encore plus criant ici à Saint-Louis qui connaît des difficultés particulières. Pour autant, est-ce qu’on doit renoncer ? », interroge la jeunesse volontariste de l’UJ2R qui trouve, dans l’exemple saint-louisien, l’occasion d’appliquer « sa solidarité transversale ». Le logo de l’association résume d’ailleurs son état d’esprit : un jeune en difficulté d’insertion, qu’il soit du Chaudron, de la Palissade ou de la Rivière des Galets, rencontre sensiblement les mêmes obstacles sur son chemin.
Que les jeunes se « prennent en charge »
Pas question d’attendre que la solution vienne d’en haut,…si elle vient. « Kossa nou fé ? Il n’est pas question de rester dans une position fataliste », résume Alexandre Lai-Kane-Cheong qui propose, comme l’UJ2R avait pu le faire l’année dernière, de « ne plus attendre », de « se réunir » et de « se prendre en charge » pour « trouver des solutions concrètes ».
Même si l’obtention ou le renouvellement des contrats aidés ne constituent pas la solution pérenne qu’ils attendent, l’UJ2R, qui parle sous l’autorité des jeunes saint-louisiens, demande aux communes de cesser leurs pratiques de « clientélisme » pour l’éternel problème de l’attribution des contrats. Nul doute que le message aura été compris de la municipalité saint-louisienne et, avec elles, les 23 autres maires du département.