Théophane Narayanin, utopiste? aguerri ? pertinent? C’est en tout cas avec la plus grande conviction qu’il a présenté, ce vendredi matin, en tant qu’administrateur de la Capeb son « contrat de compétitivité » pour favoriser l’emploi.
S’il rappelle « être un chef d’entreprise qui fait de l’international » et non un artisan, Théophane Narayanin, au nom de la Capeb, ne compte pas laisser ses camarades sur le bord du chemin. « J’ai choisi de soutenir l’artisanat voilà plusieurs années pour des raisons qui ne font que s’aggraver« , évoquant le monopole de quelques grands groupes ou encore l’inadéquat système administratif qui pèse sur le dos des petites entreprises.
Non sans rappeler que « les politiques de la Réunion sont brillants« , il espère bien pouvoir les amadouer pour qu’ils « s’inspirent de mes propositions » car, piqure de rappel, « chacun son job, il faut que les politiques nous écoutent, nous qui savons comment créer de l’emploi« .
Plus de 32.000 créations d’emplois…
Alors comment créer de l’emploi, selon Théophane Narayanin? En faisant de la Réunion « un laboratoire d’excellence« , « une île témoin« , « un cobaye pour l’Europe« . Lui et ses camarades de la Capeb proposent de « concentrer les moyens financiers de l’Etat, de toutes origines » afin de mettre en place un dispositif inédit d’embauche, dispositif qui serait régenté par « une association d’Etat« .
« Un chef d’entreprise cherche un ingénieur développement? un DRH? On lui propose l’intégration d’un nouvel employé. On aide le chef d’entreprise à répondre à des besoins spécifiques, à redynamiser sa structure, à créer de la productivité » explique-t-il. L’aide serait versée pour deux ans à hauteur de 50.000 euros pour chaque entreprise… un dispositif ambitieux mais coûteux, peut-être trop: « Ce dispositif créerait plus de 32.000 emplois dans les secteurs de l’industrie, commerce, services et métiers, soit un coût de 800 millions d’euros par an« , précise-t-on.
Plus de 100.000 personnes qui travaillent au noir à la Réunion, selon Théophane Narayanin
Les atouts de cet outil à expérimenter seraient, à en croire son porte-parole, plus nombreux qu’on ne le pense: « Il faut aussi le voir comme une façon de contrer le travail au noir« , estime-t-il, car pour lui, les chiffres avancés par l’Insee sont bien loin de la réalité. En 2008, 12.500 personnes ont déclaré avoir eu recours au travail informel à la Réunion. « Je vous le dis, ils sont au moins 100.000 à travailler au noir ! C’est en train de pourrir la Réunion. »
En plus de « muscler » les petites entreprises et créer de l’emploi, Théophane Narayanin entend proposer là une solution aux dérives sociales qu’amène le chômage dans les foyers, à l’instar de l’alcoolisme et de la délinquance… Tout un programme.
Le chef d’entreprise conclut en concédant qu' »on jette un pavé dans la mare pour faire réagir, certains éléments ne sont peut-être pas réalisables mais aujourd’hui on a besoin d’emplois, et les entreprises n’arrivent plus à embaucher« .