« La CGTR Educ’action est invitée par l’autorité académique à participer lundi 4 novembre 2013, aux assises inter académiques de l’éducation prioritaire. Ce sera sans nous !
En effet, il est hors de question pour notre organisation d’apporter sous quelque forme que ce soit une caution à une consultation bidon et tronquée ou tout est déjà ficelé d’avance comme cela avait été d’ailleurs le cas pour les ateliers de la refondation de l’école ou on nous a pris pour des dindons.
S’il est annoncé que ces assises ont pour objet de « recueillir suggestions et réflexions il est cependant précisé que l’objectif poursuivi » est de faire partager le diagnostic établi dans le cadre de la modernisation publique (MAP) « . Autrement dit de conduire une politique d’éducation prioritaire sous le sceau de l’austérité budgétaire.
Comment ? En faisant notamment sortir des établissements de l’éducation prioritaire sous prétexte de resserrer le périmètre aux plus fortes concentrations d’établissements défavorisés.
Alors que l’Éducation Priori-taire apparaît, médiatiquement tout du moins, comme un des grands dossiers de l’année, le cadre et la finalité de la consultation privent l’accompagnement pédagogique des moyens de ses ambitions.
Pour proposer leurs leviers d’action pour relancer l’éducation prioritaire, il est à noter que les rapporteurs du texte qui sert de base de travail des fameuses assises ne se sont rendus que dans les réseaux qui donnent de bons résultats, ce qui apparaît comme un sacré biais en termes de méthodologie.
Moins de moyens pour l’éducation prioritaire
Il ressort clairement de leur rapport que la réforme se fera à moyen constant et que la carte de l’EP devra être » resserrée « . Le rapport souligne d’ailleurs que la politique de l’EP devra se focaliser avant tout sur la maternelle et le primaire, et dans une moindre mesure sur les collèges (au prétexte que tout se joue en maternelle et en primaire). Les lycées ne sont jamais abordés dans le rapport ( » car ils ne dépendent pas du socle « ). Il apparaît que les établissements sous la moyenne nationale de 40% de catégories défavorisées et 30% de boursiers n’auraient plus vocation à faire partie de l’EP. De plus, le rapport parle de progressivité possible des moyens alloués en fonction de l’écart avec ces moyennes.
Plus de tri social
Au niveau pédagogique, il s’agit de se recentrer autour des » fondamentaux » (oral, maîtrise de la lecture et de l’écrit : ce qui explique l’idée de focaliser les moyens sur l’école), avec un enseignement » centré sur les apprentissages scolaires » ainsi que sur le » socle » et les » compétences fondamentales « . C’est la logique du » socle commun » que nous combattons car il accentue la logique de tri social déjà bien présente.
Des statuts remis en cause
Le rapport propose une attaque en règle contre les conditions de travail des personnels : il propose dans les faits la destruction des garanties des décrets de 1950 avec le développement du temps de concertation et de son intégration dans les services. Le rapport propose une » souplesse d’utilisation des horaires et des HS par les équipes enseignantes » qui » doit permettre tant sur l’année que sur la semaine de disposer de marges de manœuvre en fonction des besoins des élèves et afin de construire des temps utiles de concertation « . Bref, le remplacement à l’interne (comme de Robien) et l’annualisation des horaires. Dans la même logique, il défend l’idée de postes à profil » avec des tâches spécifiques « , ce qui ressemble fortement à l’actuel dispositif ECLAIR.
Mise en concurrence
Il insiste ainsi sur la nécessité des liens avec les autres institutions (municipalités et départements, police), associations (périscolaire, aide aux devoirs, parents d’élèves…) via des partenariats. Le cadrage national doit en fait consister à aider à l’autonomie des équipes, avec la mise en place d’une » contractualisation spécifique qui porte sur les objectifs et les moyens » et associer les collectivités locales.
Oui, la pseudo « concertation » de ces assises dont le cadre est fixé par le rapport ne sert qu’à légitimer la politique de coupes budgétaires poursuivie par le gouvernement. Il s’agit d’une réflexion à budget constant. Un grand nombre d’établissements et d’écoles risquent de sortir du dispositif, les lycées sont rayés de l’éducation prioritaire, l’importance des effectifs par classe est volontairement minorée. Sur le pilotage, c’est pire, on a l’impression d’une volonté de faire de l’EP le laboratoire de la politique de libéralisation et de déréglementation que nous dénonçons : contractualisation, autonomie, chefs d’établissements choisissant les équipes avec les postes à profil, horaires flexibilisés et annualisés, casse des statuts.
En fait, ce ne sont pas des assises pour relancer l’éducation prioritaire mais pour l’enterrer
Dans ces conditions, pas question pour la CGTR Educ’action de donner par sa présence du crédit à cette farce qui prépare des lendemains douloureux pour l’éducation prioritaire. »
La CGTR Educ’action