"On choisit nos sénateurs pour nous défendre, pas pour nous descendre"… Ibrahim Patel, président de la CCIR, a commencé fort son discours à la presse ce matin. La formule faisait explicitement référence à Anne-Marie Payet et il faut bien dire que la sénatrice ne s’est pas fait que des sympathisants avec son amendement sur les débits de tabac.
L’amendement adopté par le sénat impose de détenir une licence pour commercialiser des cigarettes et limite le nombre de commerces autorisés à les vendre à un pour 750 habitants. Une mesure qui risque de fragiliser les petites boutiques et contre laquelle la CCIR s’est positionnée en demandant à Marie-Luce Penchard, dans une lettre postée ce jour, de "surseoir à la publication du décret".
"Sur les 2.000 points de ventes concernés à la Réunion, 930 ne pourront plus continuer à vendre de tabac, ce qui entraînera une perte de leur chiffre d’affaire de l’ordre de 40%, et des licenciements. Anne-Marie Payet met en péril l’économie de l’île, dans une conjoncture de crise mondiale", s’est indigné le président de la CCIR.
Une mesure discriminatoire
Hors l’impact économique pour la Réunion, Ibrahim Patel a dénoncé une mesure discriminatoire pour les boutiques. Sur la base de quel critère va-t-on sélectionner celles qui seront habilitées à se procurer la licence?
Les opposants au très controversé amendement gardent l’espoir qu’il sera refusé par le gouvernement, mais " la sénatrice s’acharne", accuse Ibrahim Patel, estimant qu’Anne-Marie Payet "gère ses fonctions parlementaires avec émotion" et non dans l’intérêt général.
Le tabac, un "produit d’appel"
Egalement présente à la Chambre de commerce, Georgette Techer, présidente du Syndicat réunionnais du commerce alimentaire de proximité (SYRCAP), a fait part de la grande inquiétude des commerçants.
"Cette mesure aura des conséquences désastreuses", a-t-elle assuré avant de souligner deux arguments supplémentaires contre la réglementation à venir. D’une part, l’efficacité du dispositif est contestée, les fumeurs ayant toujours la possibilité d’acheter leurs paquets. D’autre part, le tabac est un "produit d’appel" qui décuple la fréquentation des épiceries. Les fumeurs pourraient renoncer à se rendre dans les commerces de proximité pour faire leurs courses s’il leur faut aller ailleurs pour acheter leur cigarettes, selon les craintes exprimées.
A terme, ce pourrait être la fin pour ces épiceries et les petits seraient perdants. Ceci dit, comme l’avait déclaré Anne-Marie Payet, "un petit commerçant pourra toujours se diversifier ou se reconvertir"…