« Les arrêts maladies pour cause de dépression arrivent souvent. Nous travaillons à un rythme acharné »,
dénonce un agent de la CAF.
Les 350 agents de l’agence de Saint-Denis occupent selon lui plusieurs postes, et c’est de là que viendrait le problème. « Les fiches de poste à la CAF ne sont pas respectées. Ceux qui s’occupent du tri des courriers viennent régulièrement en renfort lorsque l’accueil des allocataires n’est plus gérable. Ceux qui se chargent de la gestion électronique des documents se retrouvent également très souvent à la plateforme téléphonique, alors que ce n’est pas leur rôle. Pour justifier ces rotations, la direction parle de « mutualisation des forces ». Mais en vérité, c’est pour ne plus embaucher ».
Selon cet agent, la CNAF (Caisse nationale des allocations familiales) a récemment félicité la CAF Réunion pour sa bonne gestion de l’établissement. « Par « bonne gestion », ils entendent par là que la CAF n’embauche plus », souligne-t-il.
A son sens, il y a une volonté de diviser les catégories de personnel. « Le personnel d’encadrement et la direction sont promus chaque année et reçoivent constamment des primes. Ce qui se passe à la CAF est le reflet de la politique du gouvernement: travailler plus, avec moins de personnel. Il n’y a plus d’embauche, que des CDD de 6 mois maximum. De telles pratiques ne peuvent que diviser le personnel et l’ambiance est électrique. Pour masquer les dossiers qui sont en attente pendant des mois, les courriers ne sont plus datés, mais seulement immatriculés », révèle l’agent.
Pour la CFDT, syndicat majoritaire, la charge de travail est effectivement difficilement supportable. « Il y a eu un record d’affluence des allocataires la veille de la fermeture. La file d’attente arrivait jusqu’à la rue. Les allocataires ont une moyenne d’attente de deux à trois heures! Pour résorber la surcharge de travail, que se soit à l’accueil ou à la liquidation des dossiers, la CAF a préféré fermer ses portes. Il faudrait embaucher environ 200 agents pour l’ensemble des antennes ».
En comparaison, la CFDT site la CAF de Bordeaux: « Pour 250.000 allocataires, la CAF de Bordeaux compte 850 agents. Ici, nous avons 211.000 allocataires pour 550 agents, cherchez l’erreur… »
Au niveau des primes et des promotions, le syndicat se fait l’écho d’une discrimination flagrante: « Les personnels d’encadrement et de direction sont régulièrement promus et récompensés par des primes de résultats. Le résultat en question, c’est qu’ils parviennent à ne plus titulariser. Les agents sont aigris car ils sont « fliqués » sans répit sur l’avancée du traitement des dossiers. Il y a clairement ceux qui sont d’en haut et ceux qui sont d’en bas ».
Bien évidemment, Jean-Charles Slama, directeur de la CAF, n’est pas de cet avis. Pour lui, il s’agit plus de polyvalence. « Je n’estime pas que la CAF Réunion soit en sous-effectif. Si nous avons fermé nos portes pour quelques jours, c’est que le mois de janvier connaît des départs en congés plus conséquents que les autres mois de l’année ».
Pour lui, il n’y a pas deux poids de mesure. « Tout le monde a eu droit à des promotions selon des critères pré-établis. Nous avons des quotas à respecter. Pour les primes, c’est pareil. Nous avons des enveloppes et nous les utilisons déjà au maximum ».
Pour le directeur, aucun document n’est négligé et « chaque dossier est tamponné et classé ».