L’Institut de recherche pour le développement publie des [observations intermédiaires]urlblank:http://www.la-reunion.ird.fr/toute-l-actualite/l-actualite/l-actualite-du-programme-charc/actualites-du-programme-d-etudes-charc-sur-les-requins-a-la-reunion-octobre-2013 de son programme d’études des requins CHARC.
Les premières observations du programme ont montré que la présence des requins tigre et bouledogue sur les côtes réunionnaises est saisonnière, avec davantage de requins marqués détectés l’hiver et des pics de présence dans certaines zones au cours des périodes de transition (hiver-été en septembre-octobre ou été-hiver en mars-avril). Ce phénomène cyclique semble correspondre à des comportements de reproduction et l’IRD dit « étudier de près cette hypothèse ».
Les absences prolongées et fréquentes, de plusieurs jours à plusieurs mois, de certains individus, posent des questions sur leur mode d’occupation. Où sont-ils lorsqu’ils ne sont plus détectés dans le réseau de stations d’écoute ? L’IRD a récemment eu quelques réponses à cette question depuis les informations obtenues lors de la recapture d’un requin tigre et la récupération des balises attachées à quelques requins permettant de suivre leurs déplacements à longue distance.
Tout d’abord, le 28 août dernier, des pêcheurs d’Andavadoke (côte ouest de Madagascar, à 150 km au nord de Tuléar) ont pêché un requin tigre marqué par l’IRD Réunion. La marque a été remise à une ONG scientifique qui a trouvé les coordonnées du fabricant VEMCO, qui a averti l’IRD. Ce requin est une femelle de 3 mètres, qui avait été marquée par l’équipe CHARC, le 6 décembre 2012 au large de Saint-Gilles, soit à plus de 2000 km d’Andavadoke où il a été capturé. « L’hypothèse selon laquelle seul ce requin se déplacerait, signifierait que nous avons marqué le seul requin-tigre migrant de tout l’Océan indien. C’est tout à fait improbable », écrit l’IRD dans son rapport.
« Ce déplacement océanique est l’un des plus longs jamais enregistré chez cette espèce »
Concernant les requins bouledogue, jusque-là, les résultats ont seulement démontré des absences pendant de longues périodes. Mais le 21 septembre dernier, la balise d’un requin bouledogue mâle d’environ 3 mètres, marqué six mois plus tôt, a été détectée par un satellite Argos qui a renvoyé la position géographique estimée de l’animal : celui-ci se situait alors très au Sud de la Réunion, dans une zone comprise entre 150 et 450 km au large de nos côtes. Les données de température et de courant sont en cours d’analyse et devraient permettre à l’IRD d’affiner cette localisation. « L’information est exceptionnelle car ce déplacement océanique est l’un des plus longs jamais enregistré chez cette espèce. Ces requins ne semblent donc pas complètement inféodés aux milieux côtiers. Pour l’heure nous n’avons pas les preuves de la capacité migratrice de cette espèce, mais cette découverte démontre la capacité du bouledogue à s’éloigner du milieu côtier et à nager en milieu océanique », complète le rapport.
La balise satellite d’un autre requin bouledogue (une femelle) marqué également il y a six mois a récemment émis à quelques kilomètres seulement au large de Saint-Pierre. A priori donc, pas de grands déplacements hors de la Réunion pour celui-ci. Néanmoins, les derniers relevés des stations effectués à Sainte-Marie au Nord et à Sainte-Rose à l’Est de La Réunion, témoignent, tout de même, de longs déplacements côtiers des requins bouledogue marqués à Saint-Gilles, soit à plus de 100 km de leur zone de capture. De plus, deux requins bouledogue marqués avaient déjà été détectés, à 300 m de profondeur, sur un DCP (Dispositif de concentration de Poisson) situé à 8 km au large de La Réunion, là où les fonds sont déjà à plus de 1000 mètres.
La connectivité entre les sous-populations de bouledogue de l’Océan Indien doit être confirmée par des analyses génétiques prévues dans le programme CHARC. « Ces analyses permettront, nous l’espérons, de mesurer le lien de parenté entre les individus de la zone Sud-Ouest Océan Indien ».
La collecte des autres données concernant les conditions environnementales et biologiques de l’écosystème marin réunionnais se termine dans un mois. Les résultats sont en train d’être rassemblés et vérifiés et seront ensuite traités et analysés au cours de l’année à venir.