Les échanges d’amabilités entre l’organisation Sea Shepherd et la communauté des surfeurs sont-ils en passe de s’arrêter? Du moins, le premier pas est effectué aujourd’hui par l’association « Frères de la côte ». Installée depuis 10 ans, l’association a au moins à son avantage de n’avoir pas été créée en réaction aux événements de 2011, ce qui lui donne une légitimité affirmée.
Cette légitimité, Christophe Mattéi, le président de « Frères de la côte », pense s’en servir pour marcher à l’unisson avec Sea Shepherd Réunion. « Je suis resté au téléphone près d’une heure trente avec la présidente nationale de Sea Shepherd, Lamya Essemlali, il y a quelques jours. J’ai rencontré le représentant local Stéphane Girard à deux reprises et l’ai eu au téléphone également. Je crois que notre guerre était surtout due à l’interface des réseaux sociaux qui a eu tendance à exacerber les points de vue. Dès que l’on se rencontre et qu’on parle, les choses vont tout de suite mieux », explique-t-il.
Aujourd’hui, le professeur d’EPS et ancien chargé de cours en option surf en STAPS du Tampon pense sincèrement que les guerres intestines dans le milieu du surf ne servent pas une cause plus grande : celle de la recherche des vraies causes de la recrudescence des attaques de requins près du rivage.
L’association « à vocation politique » comme l’annonce son président, évoque des causes bien humaines à l’origine de ces attaques. « Le rôle des stations d’épuration, de la ferme aquacole, la surpêche… voilà les questions que nous devons nous poser au lieu de nous diviser. Il faut que l’on soit de plus en plus pointu sur les causes qui attirent les requins de façon anormale près des côtes », ajoute-t-il.
Etre guidé par l’esprit du surf : le hé’henalu
Pour « en finir avec ce territorialisme qui ne sert pas notre cause », Christophe Mattéi estime que les positions des acteurs sont plus proches que les échanges médiatiques de ces dernières semaines le laissaient croire. « Nous étions dans la caricature », reconnaît-il. Autre prise de position ferme qui doit être abandonnée selon lui : la fin de la Réserve marine. « On pourra le réclamer pendant des années », cette demande se heurtera toujours à des levées de boucliers, ajoute-t-il.
« Notre association milite depuis des années pour un respect en mer, au sein même des surfeurs. Cela commence déjà par le respect de la priorité quand un surfeur prend une vague », ironise-t-il. Aujourd’hui, à cause des événements qui ont marqué 2011, ces préoccupations ont été reléguées au second plan. Mais la philosophie reste la même : « le hé’henalu » doit nous guider. Et c’est dans cet esprit que Christophe Mattéi fait un pas vers Sea Shepherd, sans oublier les agressions médiatiques de l’ONG depuis septembre vis-à-vis des surfeurs péi.
« Pourtant j’étais parmi les premiers à réagir sur leur campagne très virulente sur les surfeurs réunionnais, admet le président d’association. Il y a eu des incompréhensions de part et d’autre, mais au bout du compte, on défend tous une certaine écologie dans notre pratique, voire même une philosophie de la pratique du surf. J’ai reproché à Sea Shepherd de ne pas être dans le dialogue et l’écoute, ce n’est pas pour moi-même appliquer le même comportement par la suite ».
La réconciliation devrait se formaliser en fin de semaine lors d’une conférence de presse commune.