J’ai conscience d’avoir vécu aujourd’hui un moment extraordinaire, au sens littéral du terme, c’est à dire un moment comme nous n’en vivons que quelques uns dans toute une vie.
Pour la première fois depuis l’attentat du 11 septembre, j’ai littéralement été scotché devant ma télévision.
Je me trouve actuellement à Paris, et je n’ai presque pas pu quitter ma chambre d’hôtel de la journée, comme hypnotisé par les images que débitait ma télévision.
La télévision a fait des progrès considérables en quelques années. Au point que, confortablement assis dans son fauteuil, on se demande parfois si ce que l’on voit est vrai, ou si l’on est en train de regarder la dernière fiction sortie des studios d’Hollywood.
Cette impression est d’autant plus forte que l’on vit les drames en direct : ces voitures qui essaient de fuir et qui sont inexorablement rattrapées par la vague, ce bateau qui fait face à la déferlante, qui est recouvert par l’écume et dont on ne connait pas le sort car la caméra passe à un autre drame sans qu’on sache s’il a survécu à la lame suivante.
Que dire de ces milliers de maisons dévorées par l’ogre marin? De ces centaines de bateaux partant à la dérive? De ces millions de Japonais si dignes dans l’apocalypse?
On avait déjà vécu un tsunami en 2004 dans les pays d’Asie et on se souvient de l’image de cette vague sautant un muret et basculant dans la piscine d’un hôtel. A l’époque, ce document nous avait énormément impressionné, tout comme les rares images de la vague encombrée de débris remontant une rue d’une ville.
Mais que dire aujourd’hui devant ces images prises d’hélicoptères? On a pu suivre en direct l’arrivée de la première vague, son entrée sur le territoire nippon, les premières maisons avalées… On se disait que c’était bon, qu’elle allait s’arrêter. Mais, une heure après, elle continuait à avancer, dévorant tout sur son passage, toujours suivie dans sa progression par les caméras des télévisions. Et plusieurs heures après, le spectacle terrifiant continuait, uniquement stoppé par la nuit.
Malheureusement, ce n’était pas un film. Au cinéma, tout finit toujours bien. Là, on dénombrera au final des milliers de morts et ce ne seront pas des figurants…