Cette affaire très simple n’aurait jamais dû prendre une telle ampleur. La différence, c’est que Sylvia Otello a filmé la correction qu’elle a infligée à son délinquant de fils. Puis publié le tout à l’intention des mouches à m… oups ! je veux dire pour les voyeurs du Net. Ce qui a conduit le procureur Zuchowicz à enclencher une procédure « car ce genre d’affaire, on ne sait où ça s’arrête, ni les débordements que cela peut toujours entraîner ».
La ceinture Kaporal ? Du pipeau !
C’est le 4 octobre 2016 que Sylvia a totoché son garnement. Pour lui mettre de la raison dans la cervelle… avant que ses « faux » amis délinquants n’y mettent du plomb ou quelques centimètres d’acier. Parce que comme bien des jeunes crétins, Alfredo, 17 ans, croit que c’est au sein d’un gang d’abrutis qu’il se fera un nom. Un nom qu’on peut aussi bien retrouver accompagné d’un R.I.P. un jour.
En octobre, Alfredo est dans un foyer des services sociaux à Saint-Denis. Fatigués de ne pas savoir se débrouiller avec cet ado pénible et ingérable, les services dits sociaux décident de le ramener chez sa mère malgré les avertissements de cette dernière : elle est malade, ne se sent pas capable de le recevoir. Ce dont les services asociaux se foutent totalement : ils lui balancent son fils dans les jupes comme une patate chaude.
Là, deux circonstances vont faire que des câbles vont péter. D’abord, deux gorilles se présentent chez Sylvia avec l’intention de faire la peau à son fils qui a eu envers eux des indélicatesses. Ensuite, alors qu’il est bien connu des tribunaux pour mineurs, Alfredo reçoit une énième convocation des forces de l’ordre.
Sylvia pète les plombs et administre à ce fils (qu’elle a toujours élevé seule) une bonne correction à coups de ceinturon. Un ceinturon Kaporal devenu célèbre à cause d’une vidéo. En lui-même, une fois la boucle enlevée (ce qu’elle a fait), il est aussi dangereux qu’un fouètte fataque !
L’esprit très structuré d’une maman-courage
Sylvia filme la scène en tapant. Elle menace son fils de lui casser les membres à coup de batte de base-ball, un instrument acheté pour se défendre, qui songerait à le lui reprocher ? sinon Me Ahmed, avocat de l’Arajufa qui ne rate jamais une occasion de faire casquer ses services en principe gratuits.
Sylvia poste la scène sur Internet, ce qui lui vaut de se retrouver à la barre, soutenue par une cohorte de fans. Cette maman s’est exprimée posément, clairement, en un français parfait. Pour une fois que ça arrive, l’effort méritait d’être souligné. Ses propos dénotent également une culture certaine et un esprit très structuré. C’est pas si souvent à la barre du tribunal…
Sylvia Otello a clairement dit que si elle avait corrigé son voyou, c’est qu’elle voulait prévenir les autres, notamment la galaxie des délinquants, qu’elle se chargeait elle-même de le remettre dans le droit chemin sans qu’il y ait besoin d’expéditions punitives de ses faux amis.
Une victime déjà trop connue des tribunaux !
Dès le début de l’audience, le bâtonnier Georges-André Hoareau a soulevé une exception de nullité qui sera examinée avec le fond de l’affaire. Me Ahmed, pour la partie civile, n’a réclamé aucun dommage-intérêt. Pour un motif simple au demeurant : les victimes d’Alfredo se sont vu restituer par Sylvia tout ce que son garnement leur avait volé. Exprimant une certaine admiration pour cette maman-courage, ils ont dit que cela leur suffisait.
Malgré tout son talent, l’avocat n’a pas su nous arracher des larmes au nom des services sociaux ; dont le seul titre de gloire fut d’avoir refilé le gamin à sa maman au moment où c’était plus précisément le plus périlleux pour elle… et l’ado !
Le procureur Zuchowicz, dont la mission est de défendre la société en disant la loi, n’en est pas moins un humaniste de premier plan à mon humble avis. Insistant sur le fait que dans l’exercice de son droit de correction Sylvia est allée trop loin, il a dit aussi qu’elle avait le mérite de vouloir élever dignement son rejeton. Un garçon déjà très (trop) connu de la justice mais qu’elle aime. « Les corrections n’ont eu aucun effet, selon toute apparence. Car 15 jours après, il était de nouveau en garde-à-vue. Il faut trouver autre chose ! »
L’hypocrisie de l’Etat français
Tenant compte des circonstances très particulières de cette affaire, le procureur n’a pas sollicité de peine contre cette maman qui essaye de faire quelque chose pour sauver son fils de la délinquance pure et dure. Il a donc demandé un ajournement avec mise à l’épreuve durant un an. A savoir que Sylvia sera suivie par les services sociaux (il n’y a personne d’autre ?) et aura un an pour comprendre la réalité de son geste et se tenir à carreau. Au bout du délai, elle pourra être simplement relaxée sans autre forme de procès.
Me le bâtonnier Georges-André Hoareau n’a guère eu à forcer son talent. Le ténor sudiste a surtout insisté sur « l’hypocrisie de l’Etat français qui ne parvient toujours pas à gérer en même temps autorité parentale et droit de l’enfant ». « La vidéo incriminée, a-t-il rappelé, ne visait qu’à casser l’image de petit caïd que son fils voulait se donner. Les coups de ceinture ne sont qu’un geste d’amour, un cri ! »
Le tribunal s’est donné jusqu’au 15 avril pour rendre son verdict.
P.S. : commentaire très personnel. Je demanderai à Me Ahmed si TOUS les jeunes au caractère difficile (understatement) sont accessibles à une discussion entre quat’ z’yeux. Lorsqu’un déglingué tente de cogner son propre père à coups de poing dans la gueule, encouragé par un savant mélange Artane-zamal-charrette, le père discute ?… ou se défend solidement ? De plus, il faut arrêter avec l’antienne angélique voulant qu’un enfant est traumatisé par une bonne correction. T’as vu la tronche du traumatisé qui te cause ? Une vidéo sur Internet n’est pas plus traumatisante que des coups de chabouk ou de branche de pêche, avec les gobes aux mollets qui en découlent et qui seront brocardés par les copains d’école du lendemain.
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