« Nous sommes victimes d’un acharnement malveillant ». Alors que l’Aurar (association spécialisée dans l’hémodialyse, en collaboration avec les établissements publics hospitaliers) est la cible d’éditoriaux publiés dans le Journal de l’Ile depuis plusieurs semaines, la présidente de la structure, Marie-Rose Won-Fah-Hin, a tenu à donner la version de l’établissement ce jeudi.
Un point presse qui intervient alors que l’association de patients Renaloo (de niveau national) a interpellé la ministre de la santé – en visite sur notre île récemment – au sujet « des irrégularités » dont serait à l’origine l’Aurar. Ce qui aurait en outre contribué à amener l’ARS à saisir la Chambre régionale des comptes sur le sujet, selon les informations du JIR.
« On s’interroge sur les raisons de l’interpellation en urgence de Renaloo. Nous les avons appelés pour leur proposer de venir à La Réunion se rendre compte de la réalité du terrain », fait savoir Marie-Rose Won-Fah-Hin dont la structure prend en charge 774 patients.
« De la trésorerie pour faire face à six mois de fonctionnement »
Présentée par le journal local comme à la tête d’une machine à sous tirant ses revenus de l’argent public, Marie-Rose Won-Fah-Hin rétorque : « On ne gaspille pas l’argent public. Nous avons de la trésorerie qui nous permet de faire face à six mois de fonctionnement ». Elle poursuit : « Personne parmi les administrateurs et au sein de la direction ne perçoit de dividendes ou de jetons de présence. De mon côté, je suis salariée. Nos bénéfices sont réinvestis pour les patients et pour la qualité de soins. Et la moitié de cet argent sert comme garantie aux emprunts ».
Sur les 22 millions d’euros dont il est question, Maitre Lionel Devic, le conseil de l’Aurar, estime que « ce n’est pas démentiel comme niveau de trésorerie, et c’est plutôt rassurant pour l’ARS ». « C’est un gage de bonne santé financière. Ça donne une marge de manœuvres pour développer de nouveaux projets », argue-t-il.
Si l’Aurar exerce des activités lucratives tout en étant une association, l’établissement vante une transparence complète de ses comptes et fait valoir : « Dans le respect des recommandations de l’administration fiscale, l’Aurar a choisi de loger ses activités de formation professionnelle et de coaching nutritionnel – par nature lucratives – au sein de filiales commerciales dont elle possède la totalité du capital. Deux SCI, détenues entièrement par l’Aurar, portent une partie de ses actifs immobiliers. »
Autre élément mis en avant : une certification délivrée par la Haute autorité de la santé cette année. Une « certification A » octroyée « sans réserve ni recommandation » pour les thématiques « management », « prise en charge » et « fonctions supports ». Preuve, pour l’Aurar, de son irréprochabilité.
« Du tort causé aux patients et salariés »
Concernant la problématique de la greffe rénale, dont le taux est faible à la Réunion, Amar Amaouche, le président de la commission médicale d’établissement de l’Aurar, tient à souligner que l’association n’est pas responsable des greffes, lesquelles demeurent de la compétence d’un service spécialisé du CHU. « Et nous faisons de la dialyse à domicile alors même que c’est déficitaire », poursuit-il pour démontrer que l’Aurar, seule structure à proposer toutes les modalités de soins, cherche avant tout à « répondre aux attentes des patients ».
Pour Marie-Rose Won-Fah-Hin, les différents éditos de Jacques Tillier, directeur général du JIR, ont fait « beaucoup de mal » et causent du tort « aux patients et aux salariés ». « Je suis choqué que l’Aurar soit jeté en pâture. Au final c’est nous, patients, qui allons en pâtir », s’insurge d’ailleurs Jean-Louis Seigneur, représentant des usagers, regrettant que Renaloo n’ait pas d’abord interpellé les représentants des patients et mené une enquête avant d’interpeller la ministre.
« On se pose la question du « pourquoi » de toutes ces attaques », conclut Marie Rose Won-Fah-Hin. Reste à savoir ce que pensera la Chambre régionale des comptes de la gestion de la structure.