Qu’est-ce qui a motivé votre engagement politique ?
Il existe a plusieurs niveaux en politique, le militantisme, l’adhésion à un parti, la participation à des réunions ou des débats et se présenter à une élection. Pour moi faire de la politique c’est faire passer des idées et aussi contribuer à les réaliser. De plus, j’aime l’organisation, l’animation, la construction. J’ai travaillé de nombreuses années auprès des élus tant au Sénat qu’à l’Assemblée nationale et aussi dans les collectivités territoriales. Cette expérience m’a révélé la nature du travail politique et l’envie de m’investir dans ce domaine pour La Réunion. J’ai eu aussi la chance de rencontrer des personnes avec lesquelles le courant a passé comme l’ex-Ministre Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM). Je partage son approche, ses idées, sa vision de la politique. Je me suis engagée à ses côtés. C’est une grande source de motivation et d’enthousiasme.
Avez-vous l’impression que la place des femmes a évolué en politique à La Réunion ?
Cela tient à l’entrée massive de la femme dans le monde du travail. C’est une certitude de dire qu’en politique l’égalité hommes/femmes n’est pas encore la mieux partagée en France, ni en Europe, ni dans le monde. Faire de la politique est particulièrement chronophage et difficile à gérer pour les mères de famille. A La Réunion, le changement est plus lent. La culture progresse moins rapidement que dans d’autres pays ou en métropole.
Pensez-vous que les femmes font de la politique autrement ?
Certainement. Leur profil, leur sensibilité, leur pragmatisme ou leur approche des problèmes sont différents de chez les hommes, même s’il ne faut pas exagérer les différences. Par exemple, on met souvent en regard le rationalisme de l’homme face à l’instinct féminin. Les difficultés qu’elles ont pu avoir pour entrer dans le cercle des politiques les ont rendues pugnaces et déterminées. Donc elles s’engagent avec conviction, souvent désintéressées, avec beaucoup d’espoir de faire bouger les choses. Mais je trouve qu’elles sont encore trop individualistes.
Vous définiriez-vous comme féministe ?
Je pense que non, mais ce n’est pas l’avis de mon entourage. Je suis persuadée qu’il faut porter haut et fort notre message de femmes pour qu’il soit entendu dans un monde longtemps dominé par le pouvoir masculin. Est-ce cela le féminisme ? Si oui, alors je le suis. Si c’est la volonté de remplacer la dictature des hommes par celle des femmes, alors je ne le suis pas. Le temps des femmes est venu et je ne peux que saluer le combat qui a été mené depuis un demi-siècle par les femmes…féministes !
Quand vous étiez enfant, vous aviez conscience d’un statut différent entre l’homme et la femme ?
Issue d’une famille qui comptait 6 garçons, j’ai dû me battre pour exister dès le plus jeune âge. Cela a certainement modelé ma vision du rapport entre hommes et femmes, d’autant qu’à l’époque, le statut du garçon et de la fille n’étaient pas les mêmes. Aujourd’hui les choses ont changé mais ces sentiments vécus il y a longtemps ont certainement laissé des traces.
Est-ce que l’homoparentalité est une nouvelle forme de famille ?
Clairement non. La famille est le lieu de procréation et d’éducation. La famille répond à des critères naturels de fécondité que l’homme (au sens générique) ne peut balayer d’une seule volonté d’ordre politique. Si l’égalité des droits sociaux doit être la règle pour toutes les catégories de couple, la notion de famille va bien au-delà et l’orgueil de l’homme ne peut aller jusqu’à changer ce que la nature nous a léguées.