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Jo Varondin, esprit indépendant, anticonformiste militant

Il était bien malade depuis quelque temps mais l’esprit demeurait intact. J’ai pu m’en rendre compte voici quelques mois, lors d’une rencontre fortuite devant chez lui, un soir. On le connaissait promoteur d’une école privée de haut niveau, de laquelle sortaient des esprits brillants autant que des littéraires et des scientifiques de poids. On connaissait […]

Ecrit par Jules Bénard – le mercredi 29 octobre 2014 à 10H44

Il était bien malade depuis quelque temps mais l’esprit demeurait intact. J’ai pu m’en rendre compte voici quelques mois, lors d’une rencontre fortuite devant chez lui, un soir.

On le connaissait promoteur d’une école privée de haut niveau, de laquelle sortaient des esprits brillants autant que des littéraires et des scientifiques de poids.

On connaissait surtout le polémiste brillant, esprit indépendant, anticonformiste affiché et militant. Jo écrivait relativement peu aux courriers des lecteurs mais quand il le faisait, cela ne laissait personne indifférent. Car le bonhomme, incontestablement, dérangeait. Il dérangeait l’establishment, la bonne bourgeoisie, les bien-pensants, les moutons de Panurge et tous ceux qui hurlent avec les loups sous leur peau d’ânes bâtés.

Ne professant aucune espèce de respect hypocrite envers les dirigeants et leurs affidés, il interpelait la terre entière pour la mettre face à son miroir, et mettait toujours le doigt là où ça fait mal.

Il a été l’ennemi juré de tout le microcosme politique, financier et administratif en raison de ses opinions carrément indépendantistes. C’était sentiment romantique autant que choix raisonné ; et personne, je dis bien personne, n’a jamais osé soutenir un débat contradictoire face à ce diable d’homme qui savait argumenter la moindre de ses affirmations.

Chaque époque a eu ses esprits hors normes qui ont porté très haut le flambeau de l’irrévérence créole. Tous se sont fait détester en connaissance de cause et, peut-être… avec un malin plaisir ?

Il y eut Desforges-Boucher au 17 è siècle, seul gouverneur à avoir pris la défense des colons contre les diktats de la Compagnie des Indes. Il l’a chèrement payé.
Il y eut Eugène Dayot au 19è, antiraciste opposé à la peine de mort à une époque où ces deux fléaux ne troublaient guère les consciences.
Le 20è nous a donné Jacques Lougnon et… Jo Varondin. Avec la disparition de ce dernier, qui nous reste-t-il ? Dalbos… Georges-Marie Lépinay… Alain Bled…
Nos humoristes locaux sont-ils d’esprit indépendant ? Je ne sais. Aucun d’entre eux, à ma connaissance, n’a osé dire « Je vous emmerde ! » à un ministre.

Jo possédait une vaste culture. Et ne manquait jamais, à l’occasion, d’en distiller une part malicieuse à l’intention de ceux, nombreux, qui ne l’aimaient pas. Ainsi…
Il y a quelques années, dans une discussion à bâtons rompus, nous lui faisions remarquer que bien des gens le disaient fou. Il eut un de ces petits sourires bourrés de malice qu’il affectionnait tant et répliqua :
« Je suis fou, oui, sans doute… Mais personne n’a jamais dit que j’étais con ! »

Il m’apprit un peu plus tard qu’il l’avait puisée dans un roman intitulé « La part du diable ». Un roman puissant, trop oublié. La phrase est tirée d’une scène se déroulant devant un asile de cinglés.
Jo n’était sûrement pas un cinglé. Original oui. Indépendant oui. Moucateur ô combien. Contempteur de la bêtise courante, mille fois oui. Et esprit éclairé encore plus.
Mais fou ? Raconte ça à un sourd et tu le verras éclater de rire.

Jules Bénard

 

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