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Jim Fortuné met Auguste Lacaussade à l’honneur au Kwa La Festival

Le chantre du "sambaloya" à La Réunion, l’auteur-compositeur Jim Fortuné, se produira ce soir à la Cour Carré dans le cadre du Festival Kwa La, successeur du Kaloo Bang. Le Portois lancera ce nouvel évènement culturel dans le chef-lieu, qui se terminera samedi à la Cité des arts. Rencontre.

Ecrit par SI – le mardi 01 août 2017 à 14H33

Zinfos974 : Du chemin a été parcouru depuis votre premier album, [Kafé, sorti en 2013]urlblank:http://www.zinfos974.com/Jim-Fortune-sort-son-premier-album-Kafe_a65609.html et accueilli favorablement par la critique…

L’album Kafé était un passage obligé, cela faisait longtemps que j’écumais les petites scènes et le public l’attendait. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que je n’ai jamais été prêt à faire de la scène régulièrement et entrer en studio avant la sortie de cet album (rires). Je préfère mettre toute mon énergie dans mes textes. Un travail d’écriture déjà prenant à la base. Depuis la sortie de mon premier album et en faisant des scènes de manière plus professionnelle, j’ai appris à mieux gérer tout cela. Quant à l’accueil positif de Kafé, j’avoue avoir été surpris par les retours, je ne m’y attendait pas, surtout de la part du grand public. Ma musique est très portée sur le jazz, un style pas facile à entendre. Si ma musique n’est pas dans l’air du temps, elle plaît et je suis agréablement surpris par cela.

Votre musique est très métissée, vous la qualifiez même de « sambaloya », un croisement entre maloya et musiques latines, notamment la bossa nova brésilienne. Est-ce une évidence pour vous ces liens musicaux entre La Réunion et d’autres espaces créolophones ?

Les frontières entre les musiques sont tellement subtiles, elles ne sont pas aussi marquées que nous le croyons. Par exemple, il ne tient à rien qu’un maloya prenne des airs de samba. Ces deux styles de musiques n’ont pas le même rythme mais sont construites sur une famille de schémas mélodiques qui font qu’elles peuvent se retrouver. Même dans la samba il y a une sorte de ternaire caché. Le ternaire c’est une force. C’est vrai qu’il a du mal à se faire entendre, mais c’est justement parce que li lé tro for (rires). Grâce à internet, nous commençons à voir plus facilement l’étendue de la musique, sous toutes ses formes

Vous travaillez actuellement sur Odes à Lacaussade, un album hommage à [Auguste Lacaussade]urlblank:https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Lacaussade , célèbre poète réunionnais du XIXème siècle. Quelques mots sur cet album ?

J’avais déjà repris un poème d’Auguste Lacaussade sur mon premier album. Mais l’idée de lui consacrer un album me taraudait l’esprit depuis pas mal de temps, et notamment depuis que j’ai découvert [Célimène Gaudieux]urlblank:https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9lim%C3%A8ne_Gaudieux . J’ai toujours voulu mettre en musique Auguste Lacaussade mais cela n’a pas été facile. Mettre en musique des textes déjà existants, et en particulier ses poèmes, construits sur des rimes impairs et qui ne sont pas prévus pour la chanson, c’est un autre travail. Cela m’a pris beaucoup de temps pour m’imprégner des textes de Lacaussade : je me suis retrouvé à ne plus jouer pendant plus d’un pour l’écriture de cet album. Pour Odes à Lacaussade, dont j’espère une sortie avant la fin de l’année, j’ai choisi les deux premiers recueils du poète, à savoir [Les Salaziennes]urlblank:https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Salaziennes (qui a valu à Auguste Lacaussade le prix Bordin, ndlr) et [Poèmes et paysages]urlblank:https://fr.wikisource.org/wiki/Po%C3%A8mes_et_Paysages . Les poèmes de ces recueils parlent de La Réunion du XIXèmè siècle et en particulier de l’esclavage, vu comme un sujet politique et dont il était des rares à avoir dénoncé à l’époque.

Vos textes sont imprégnés de l’histoire réunionnaise…

C’est peut-être un réflexe d’artiste de vouloir savoir son histoire. Surtout à La Réunion où nous avons besoin d’histoire, même si nous ne l’aimons peut-être pas. Je pense que c’est assez logique : quand on fait une chanson, on se doit de dire des choses au plus près de la vérité. C’est un peu le rôle de l’artiste. Mais je ne me pose pas en donneur de leçons : dans mes chansons je parle juste des faits mais sans prendre parti. L’histoire est faite par un petit nombre de personnes, on ne peut pas taper sur n’importe qui. C’est pour cela que je souhaitais mettre la lumière sur Auguste Lacaussade, car son discours est un point de vue qu’il faut absolument connaître.

Vous êtes une des têtes d’affiches locales du festival [Kwa La]urlblank:http://www.zinfos974.com/KwaLa-un-nouveau-festival-a-la-Cite-des-arts_a115474.html . Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer à ce festival très éclectique ?

Je suis moi-même très éclectique (rires). Plus sérieusement, je n’arrive pas à me caser dans un domaine particulier. D’ailleurs lors de mes spectacles, je cherche à retranscrire cette diversité musicale dont je suis friand. Pour moi, il est important que les groupes locaux assistent à ces festivals où des groupes d’ailleurs sont invités : il faut que tout cela nous tire vers le haut.

Quels sont vos projets futurs ?

Déjà la sortie de Odes à Lacaussade, qui n’est pas mon deuxième album mais plutôt la suite de Kafé, que j’espère avant la fin de l’année. Après en matière de reprises, il y a quelque chose à faire : le public est friand de reprises de chansons lontan, qu’il ne retrouve pas chez les disquaires. J’ai aussi comme projet de mettre en musique les ateliers d’écriture auxquels je participe avec des lycéens. Cela me tient vraiment à cœur !

Jim Fortuné | Cour Carrée – 19H30 – Dans la limite des places disponibles  
Jim Fortuné aime à nous montrer du pays au travers de ses chansons créoles.  Il n´hésite pas à se laisser porter vers les couleurs de l’Océan Indien : Salégy, Séga mauricien ou seychellois… Il dit ne pas se prendre au sérieux, mais ses textes pleins de légèreté et d’humour entraînent le public dans son univers tendre, empreint parfois de mélancolie.

 

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