Jérôme et Davina, « les amants terribles » de Piton-Saint-Leu
Tribunal correctionnel de Saint-Pierre, 17 avril 2014:
Ecrit par Jules Bénard – le jeudi 17 avril 2014 à 15H43
Deux coupables et deux victimes à la fois. Après « les parents » et « les enfants terribles », Cocteau n’eût pas raté ces « amants terribles ».
Dans cette affaire, chacun est à la fois accusé et victime. Il l’a tapée, elle l’a cogné. Ils se sont aimés, ils se sont déchirés, ils ne s’aiment plus. On ajoutera « Dieu merci ! »
Davina et Jérôme ont entretenu une relation que l’on pourrait qualifier de conflictuelle (litote). Encore une veine, ils n’ont pas eu d’enfant.
Après une après-midi passée à picoler de commun, Davina décide de rentrer chez ses parents. Lui ne l’entend pas de cette oreille et se rend devant le domicile de ses beaux-parents. Coups de klaxon à répétition… « Tu sors ou non ? »
Elle sort pour avoir une explication. Il veut qu’elle vienne avec lui, elle ne l’entend pas de cette oreille.
Il la tape à un point tel qu’elle tombe par terre. Il lui administre quelques coups de poing pour prouver que c’est lui le patron. Là, les déclarations divergent. Elle dit qu’elle s’est emparée d’un galet qui traînait par là et lui en asséné un coup sur le crâne, pour se défendre. Lui dit que c’est lorsqu’il était debout qu’elle a cogné.
Dans cette audience un peu morne, cette affaire a eu le mérite de semer de la gaîté dans les rangs de l’assistance.
« Vous l’avez maintenue au sol pour la taper ? » Hésitation… « Oh ! je ne l’ai pas tapée si fort que ça ! »
« Elle ne voulait pas venir avec vous ? », insiste la présidente Pétureaux. « Ben… il faut croire que oui ! » (Joie dans l’assistance).
En-dehors du haut degré comique né du fait que ces deux êtres si dissemblables n’auraient jamais dû vivre ensemble, il reste que la jeune fille a perdu sa place de vendeuse en pâtisserie. Son ex-belle doche est venue semer un tel souk dans son commerce qu’elle a préféré démissionner pour chercher du travail ailleurs, loin, très loin. Elle n’a toujours pas trouvé.
Pour lui, ça ne va pas mieux, étant aussi poursuivi pour conduite sous emprise alcoolique : bière, whisky, rhum… C’est beurré comme un coing qu’il est allé se faire poser trois points de suture au CHSR de Saint-Pierre.
Alors qu’il a du travail, et même un bon travail : chauffeur poids lourds dans une grosse société. Atténuons : un bon travail, oui ; qu’il semble aimer, oui ; qu’il fait bien, oui aussi ; bien payé, ça, c’est une autre histoire. Mais enfin, il travaille, au moins.
Il était déjà connu pour violences en réunion alors qu’il était lycéen, ce qui n’a pas joué en sa faveur : 3 mois avec sursis, 300 euros d’amende et 6 mois de suspension de permis pour avoir conduit beurré comme une outre.
Elle s’en tire mieux : 1 mois avec sursis.