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J-P Marchau : « Les sept mensonges de la Nouvelle Route du Littoral »

Jean-Pierre Marchau, représentant du "Collectif Non à la NRL", écrit une tribune sur "les sept mensonges de la Nouvelle Route du Littoral". "Les partisans de la nouvelle route du littoral vantent la NRL comme une route "moderne, gratuite et sécurisée", créatrice d’emplois, une "route écologique" au service de tous les Réunionnais et qui mettrait fin aux embouteillages. Autant d’affirmations, autant de contrevérités", estime Jean-Pierre Marchau. Nous publions son communiqué dans son intégralité.

Ecrit par – le samedi 19 octobre 2013 à 11H11

« Les partisans de la nouvelle route du littoral vantent  la NRL comme une route « moderne, gratuite et sécurisée« , créatrice d’emplois, une « route écologique » au service de tous les Réunionnais et qui mettrait fin aux embouteillages. Autant d’affirmations, autant de contrevérités.

1 • Le mensonge de la modernité

Dès novembre 2010, la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports qualifiait ce projet de « choix rétrograde ».  La NRL sera au mieux opérationnelle en 2020 : qu’en sera-t-il alors du prix des carburants d’origine fossile et de la dépendance énergétique de La Réunion ? En matière de politiques d’adaptation au changement climatique, le critère de la « vulnérabilité » est décisif pour déterminer si un grand projet d’infrastructure constitue un investissement viable ou non, il doit être jugé sur sa capacité pendant sa durée de vie, à relever les défis climatiques. La NRL, véritable autoroute sur la mer en milieu tropical, ne répond pas à ce critère, elle est à peu près aussi « moderne » que l’était la ligne Maginot en 1939.

2 • Le mensonge de la gratuité

Cette route il va bien falloir que quelqu’un la paye. Dans le financement prévu par les Accords de Matignon, sur les 1,660 milliards officiellement annoncés, la Région devra débourser 669 millions d’euros sans pouvoir espérer une rallonge de l’Etat. Or, tous les grands chantiers routiers précédents, ont  connu des dépassements très importants dont celui de la Route des Tamarins, + 70 %. Le pont de la Rivière Sainte Etienne, plus simple à réaliser,  a connu un dépassement de 50 %. Le Collectif de professionnels du secteur, AIDER, évoque dans un courrier au Préfet, une fourchette allant de 2,2 milliards à 4,3 milliards d’euros d’investissements. Tous les Réunionnais, même ceux qui ne possèdent pas de véhicules, devront un jour payer la facture.

3 • Le mensonge de la sécurité

C’est l’argument essentiel ressassé par la Région qui utilise cyniquement la légitime émotion suscitée par des éboulements dont le dernier en 2006. Pourtant, grâce aux travaux entrepris, c’est aujourd’hui l’axe le moins meurtrier de La Réunion, les chiffres sont incontestables. Les risques liés aux éboulis seront peut-être moindres mais persisteront néanmoins sur la section de l’entrée de Saint-Denis sous la falaise. Quant au viaduc, plus long que celui de Millau,  en quoi sera-t-il « sécurisé » ? Les véhicules ainsi que le futur TCSP guidé passeront à 30 m au dessus de l’océan, ils seront donc souvent exposés aux pluies tropicales et à des vents moyens allant de 15 à 30 nœuds, voire plus. Comment dans ces conditions peut-on promettre la sécurité aux usagers ?  Le passage en mer n’est pas sécurisable.

4 • Le mensonge de la création des emplois locaux

Selon les statistiques nationales (FNTP et INSEE), une infrastructure routière génère 8,1 emplois par million d’euros dont 6,3 emplois directs dans la profession. La NRL devrait donc générer 10 500 emplois directs et 3000 indirects soit 13 500 emplois dans le BTP local pendant la durée du chantier. Or, la Région annonce la création de seulement 1100 emplois directs dans un secteur qui en a perdu 10 000 depuis 2008 ! Ces chiffres dérisoires pourraient même être remis en question si le gouvernement refusait  d’accorder les dérogations aux espèces protégées ce qui obligerait la Région à renoncer aux digues, seules véritables opportunités de créer de l’emploi pour l’extraction et le transport des matériaux. Les retombées économiques prévisibles de la NRL ne répondent donc pas aux attentes du secteur professionnel.

5 • Le mensonge de la « route écologique »

Toutes les instances environnementales, réunionnaises ou métropolitaines, ont donné un avis défavorable au projet actuel du fait de l’impact destructeur des deux digues monumentales. D’une longueur cumulée de 6,9 km, elles vont accroître l’artificialisation du littoral réunionnais, le plus bétonné de l’outremer et provoquer des dommages environnementaux irréversibles, notamment la perte de l’écosystème d’une « falaise unique au monde ». Le Conseil National de la Protection de la Nature estime que les impacts du projet restent « forts pour le Grand Dauphin et la Baleine à Bosse »  et que l’exploitation des carrières fait peser une menace sur des espèces végétales dont « certaines sont endémiques et considérées comme étant en danger critique d’extinction ». Ce projet va en outre défigurer irrémédiablement le paysage unique de la falaise basaltique et le site historique et patrimonial de la Grande Chaloupe. La NRL est une monstruosité sur le plan écologique.

6 • Le mensonge de la route pour tous les Réunionnais

Depuis plus de quarante ans, le lobby automobile fait la loi à La Réunion où le transport collectif ne représente plus aujourd’hui que 6 % des modes de déplacement des Réunionnais. En raison des profondes inégalités sociales, un Réunionnais sur trois ne peut accéder à l’automobile, ce qui signifie que le plus gros chantier jamais entrepris à La Réunion ne concerne pas la fraction de la population la plus précaire. Ce projet ne sert pas l’intérêt collectif.

7 • Le mensonge de la solution aux embouteillages

L’entrée en service de la route des Tamarins a provoqué l’arrivée de  10 000 véhicules supplémentaires chaque jour sur l’actuelle route du littoral, la NRL devrait provoquer elle aussi un afflux d’automobiles. D’autre part, le projet est revu à la baisse : sur le viaduc plus étroit que la digue, dans le sens Saint-Denis La Possession, sur les trois voies, une sera réservée aux vélos, une autre au TCSP et une seule aux automobiles, ce rétrécissement devrait générer inévitablement des bouchons à 30 m au-dessus de l’océan. Enfin, le projet ne traite pas la question pourtant essentielle de l’entrée de Saint-Denis où les embouteillages sont récurrents. Le Président de Région se comporte comme un plombier amateur qui croit qu’il suffit d’ouvrir les robinets pour déboucher la canalisation.

Jean-Pierre Marchau
Collectif Non à la NRL »

 

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