« J’ai toujours eu du goût et de l’amour pour la cuisine. Quand j’étais plus jeune et que je faisais ma formation en métropole, je faisais la cuisine à mes amis« , explique Ismaël Aboudou. Autour d’un verre de bissap (boisson à base de fleurs d’hibiscus, originaire du Sénégal), le chorégraphe réunionnais explique simplement son changement de trajectoire dans une carrière particulièrement bien remplie.
« Partout à travers mes voyages, partout où je suis passé, on me parlait de l’Afrique. C’est pour ça que je suis parti sur un concept de cuisine africaine« , poursuit-il. Même s’il explique aujourd’hui ne pas lâcher le côté « artistique« , notamment son institut de danse et son travail de chorégraphe, Ismaël Aboudou s’impose un rythme d’enfer pour faire tourner son nouveau restaurant. « Je travaille 7 jours sur 7 et je ne dors que trois heures par nuit en ce moment« , souligne-t-il. Car c’est lui qui assure le service, ce qui ne l’empêche pas de rester en forme.
« Ce que je veux c’est mettre l’Afrique en l’air ! »
Le Régabi qu’est-ce que c’est ? « C’est pour dire restaurant, galerie, Aboudou Ismaël« , précise-t-il. Au-delà de la cuisine qui se veut « saine« , et le choix de ne pas servir d’alcool dans son restaurant, Ismaël Aboudou propose de venir à la rencontre de l’Afrique à travers les plats, mais également à travers les différentes expositions permanentes et les concerts qui se tiennent une fois par semaine.
L’endroit choisi pour implanter son restaurant peut interpeller. Le Régabi est installé sur l’avenue Maréchal de Lattre de Tassigny, à Sainte-Clotilde, loin de l’animation du centre-ville. Un choix parfaitement assumé et expliqué. « Il y a une histoire dans ce quartier (faisant référence aux émeutes du Chaudron en 1991 ndlr). C’est une revanche pour moi et cette zone est en train de se redynamiser« , précise Ismaël Aboudou, qui veut participer à ce processus.
« Ce que je veux c’est mettre l’Afrique en l’air !« , lâche-t-il avec un grand sourire. Et pour ça, il s’est entouré d’un grand chef africain qui a fait ses études à Dakar avant de travailler à Maurice et Moroni dans plusieurs grands hôtels. « C’est un défi à relever et un plaisir de travailler ici. Je ne regrette absolument pas d’être venu travailler là. Et puis je n’ai pas eu de plaintes pour le moment (rire sic)« , explique le chef du Régabi, Saïd Mohamed Saïd Omar.
« Je souhaite mettre le goût de l’Afrique sur le bout du palais des clients. Je veux leur faire découvrir des épices qu’ils ne connaissent pas, des fruits et légumes qu’ils ne connaissent pas (…). Je suis dans un concept africain d’authenticité« , conclut Ismaël Aboudou avant de partir travailler, entre les deux services du midi et du soir, sur son prochain spectacle « Les étoiles noires« .
Décidément, rien n’arrête Ismaël Aboudou…