Quel impact pour la faune et la flore de l’étang Saint-Paul ? Sur site lundi matin, l’équipe de la réserve reste prudente. Une réunion – durant laquelle les spécialistes bénéficieront des données exactes des zones brûlées – doit décider de la stratégie entre les services. Elle se tient mercredi.
En attendant ce rendez-vous, les regards se tournent vers des espèces bien familières des réunionnais. L’Etang Saint-Paul compte 9 papangues, 125 couples de poules d’eau, une quarantaine de couples de héron vert… Et 260 sortes d’insectes dont l’utilité, parfois oubliée, les positionnent à la base de la chaîne tropique.
« Ce qui est sûr, c’est que la nature va reprendre ses droits », parle, à l’expérience, Pascal Hoarau, conservateur du patrimoine de la réserve de l’étang. Il n’exclut pas un coup de main de l’homme, sans dénaturer un site exceptionnel où même les espèces exotiques, telles les jacinthes d’eau, sont finalement maîtrisées sans être éradiquées.
Privée d’approche au plus près de la zone incendiée depuis le début d’incendie jeudi, l’équipe de la réserve a eu le feu vert des pompiers pour approcher la zone ce lundi matin.
L’inventaire, à vrai dire, attendra. Les plus grandes préoccupations sont tournées vers les endormis, ces reptiles dont le rythme de course a dû en laisser bon nombre piégés dans le brasier. De meilleures nouvelles viennent des espèces d’oiseaux. « Cette période ne correspond pas à la période de nidification », essaie de se rassurer Pascal Hoarau. Néanmoins, certains jeunes papangues étaient peut-être encore un peu frêles pour étendre leurs ailes et déguerpir, comme leurs parents. En scrutant le ciel au-dessus des papyrus brûlés et des phragmites (appelés communément « calumets bâtards »), il nous a été donné d’en voir au moins trois dans le ciel. Un début de soulagement…
Cohabitation intelligente entre agriculteurs et réserve
Pour la flore, « elle va se rétablir au bout de trois ou quatre mois », fait remarquer le spécialiste du plan d’eau devenu réserve nationale en janvier 2008. Si le papyrus croît rapidement, les inquiétudes sont plus vives concernant le calumet qui, déjà fragile, a perdu 1/5e de son exposition en lisière de canal.
Geste d’un inconscient ou mauvaise maîtrise d’un agriculteur en plein écobuage : les doutes ne sont pas encore levés côté enquête. Toujours est-il que les 75 hectares parcourus par les flammes se retrouvent « dans le périmètre de la zone A : c’est-à-dire celle de protection forte », ajoute Isabelle Jeffredo, chargée de communication et animation de la réserve. Pas de quoi remettre en cause la cohabitation entre agriculteurs et réserve selon la députée-maire, Huguette Bello. Près de 100 hectares leur sont réservés dans l’espace de la réserve.
S’il s’avère que les populations de poules d’eau ou de héron ont pu s’extirper des flammes, le combat n’est pour autant pas gagné, expliquent les agents de la réserve. « La dynamique des populations posera problème lorsque les oiseaux tenteront d’affluer vers d’autres zones, déjà habitées. »
Mercredi, les agents de la réserve – quinze agents, éco-gardes compris – doivent se réunir pour étudier précisément la nouvelle carte de l’étang avec la zone brûlée en surrimpression. Le conservateur du patrimoine se donne un mois pour dresser un bilan écologique post-incendie. Le dernier incendie sérieux sur l’étang remontait à 2002.