Ingrid est heureuse. Grâce à son geste de générosité, une vie est sauvée. La vie d’une personne qu’elle ne connaît pas, car l’anonymat est nécessaire pour protéger autant le donneur que le receveur et éviter « un chantage affectif ou la culpabilité du donneur dans le cas où les choses se passeraient mal », explique Corinne Ricard, directrice du registre des donneurs de moelle osseuse au CHR de Bellepierre à Saint-Denis.
Depuis 1991, ce sont 2800 donneurs potentiels qui attendent, certains depuis dix ans, de pouvoir faire un don. Trouver un donneur compatible est difficile. Seule une personne sur un million est susceptible de donner les fameuses « cellules précieuses », explique Corinne Ricard. Le groupe tissulaire varie d’une ethnie à l’autre. Un membre de la famille n’est pas automatiquement un donneur potentiel. « Il y une chance sur quatre qu’un membre de la famille soit un donneur compatible », précise la directrice.
Deux mois, c’est le temps nécessaire entre le moment où le donneur est averti de sa compatibilité avec un malade et le prélèvement des cellules souches de moelle osseuse. « Cela n’est jamais fait dans l’urgence », explique Corinne Ricard. « Il faut que le malade soit stable » pour que la greffe de moelle osseuse soit possible.
Les maladies du sang en constante progression
2800 donneurs potentiels pour une île où « les maladies du sang sont en constante progression, ce n’est pas beaucoup », regrette Corinne Ricard. En effet, si la compatibilité entre un donneur potentiel et un malade atteint de leucémie ou de lymphome est de l’ordre de un pour un million, sur une population de 800 000 habitants, les chances de compatibilité sont minces… Heureusement, le CHR de Bellepierre est en lien avec l’association France greffe de moelle à Paris, qui gère un fichier de donneurs volontaires relié à l’ensemble des registres internationaux.