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Incendie de La Roche Écrite: Des impacts écologiques à suivre dans le temps

Dans un communiqué, le Parc national revient sur l'incendie de la Roche Ecrite. Désormais circonscrit, l'incendie, qui s'était déclenché samedi dernier et a parcouru plus de 50 hectares, a détruit des espèces rares. Le Parc national fait un premier bilan écologique de la faune et la flore touchées.

Ecrit par . – le vendredi 04 octobre 2013 à 06H56

b[Des milieux riches et fragiles]b

Le massif de la Roche Écrite, dans le nord de l’île, touché par un incendie depuis le vendredi 27 septembre, abrite différents types de végétation typiques des milieux de haute altitude :

– sur la crête, en bordure du rempart au dessus de la Rivière des Pluies, sur un sol basaltique très pauvre, se trouvent de très beaux restes d’habitats primaires encore préservés des espèces invasives. Ce sont des fourrés arbustifs d’altitude, d’une hauteur de 2 à 3 m, dominés par le Branle vert (Erica reunionnensis), qui sont adaptés au froid et à la sécheresse.

Cette végétation éricoïde (lande à bruyère) a une très grande valeur patrimoniale, car elle est composée en majeure partie d’espèces endémiques strictes de l’île, dont beaucoup n’ont pas de nom local. Le feu, qui s’est déclaré sur cette zone, l’a parcouru rapidement, consumant très vite le bois sur la roche volcanique.

– à l’étage intermédiaire, la même espèce dominante, le Branle vert forme des fourrés plus denses qui se développent, sur une hauteur de 3 à 4 mètres. Les branches, mousses, fougères tombées sur le sol au cours des siècles ont constitué une litière de débris peu décomposés sur 1 ou 2 m d’épaisseur : l’avoune. Dans ce sol, le feu s’est développé en profondeur, là où le jeu des racines très inflammables des Branles verts et des Tamarins des Hauts forment des réseaux, rendant très difficile le travail des pompiers qui risquent à tout moment de voir l’incendie resurgir à plusieurs mètres de distance.

 

b[Des espèces rares détruites]b

Par ailleurs, l’épaisseur de l’avoune masquant les anfractuosités du sol volcanique, complique la progression des hommes dans cette végétation. Dans cette zone touchée par le feu, les agents du Parc national avaient localisé plusieurs stations d’une plante rare protégée: l’Heterochaenia ensifolia, endémique de La Réunion, espèce quasi menacée à l’échelle de l’ïle. Sur 3 stations connues dans la zone impactée par l’incendie, 2 stations d’une dizaine d’individus ont été touchées par les flammes. Plusieurs espèces d’orchidées terrestres rares ont aussi été ravagées par l’incendie.

– le travail intense des pompiers, ouvriers de l’ONF, agents du Parc national, ainsi que de la SEOR, a permis de contenir l’incendie dans ces deux types de végétation. Il était en effet impératif que les flammes n’atteignent pas la forêt de Bois de couleur des Hauts, territoire de prédilection du Tuit-tuit (Echenilleur de La Réunion), espèce endémique de l’île, dont il ne reste aujourd’hui que 33 couples vivants.

 

La parfaite connaissance du massif par les agents a permis d’orienter les pompiers, d’indiquer des points d’eau pour le ravitaillement des lances, de les guider sur des sentiers permettant d’accéder au plus près su sinistre, de conseiller sur le tracé des pare-feux, en limitant leur ouverture à 3 ou 4 mètres de largeur afin de préserver la végétation indigène et surtout limiter l’invasion future pas des espèces invasives. Au final, le feu a été arrêté à 500 m à vol d’oiseau des principaux sites occupés par les Tuit-tuit, mais a brûlé une partie d’un nouveau territoire sur la laquelle un jeune mâle s’était installé en 2012. Cela constitue un coup dur pour la SEOR qui voit ainsi partir en fumée le résultat de 10 années de travail mené par tous les partenaires impliqués pour parvenir à étendre la zone d’implantation des Tuit-tuit sur le massif de la Roche Écrite. En effet, des financements importants ont été consacrés à cette cause depuis des années, par le Conseil général et par l’Europe qui cofinance le projet Life+ CapDOM.

Les premières constatations effectuées en début de semaine par des conseillers écologie du Parc national montrent qu’il y a, dans les zones brûlées, des îlots de végétation préservée, qui devraient permettre aux nombreux autres oiseaux de trouver un refuge : papangue, tec-tec, zoizo vert lunette blanc.

 

En revanche, pour le zoizo blanc (Zosterops borbonicus), les dernières études de l’Université menées pour le compte du Parc national, ont montré qu’il s’agit d’une espèce très attachée à un petit territoire : une famille et sa descendance se déplacent sur un rayon de moins de 200 m. La perte de leur territoire compromet donc la survie de ceux qui vivaient sur la quarantaine d’hectares impactés par le feu.

b[Et après ?]b

Le travail de suivi de la reprise de la végétation mené par le Parc national sur des parcelles mises en place suite au précédent incendie qui avait brûlé 65 hectares de végétation en 2006, permet d’être relativement optimiste sur la capacité de la végétation indigène à se régénérer, en particulier le Branle vert, qui repousse dès que les pluies reviennent.

Les inquiétudes sont plus fortes en ce qui concerne les habitats naturels qui étaient jusque là peu envahis. La Flouve odorante est particulièrement redoutée, car elle peut s’installer en progressant par toutes les ouvertures nécessitées pour la lutte contre le feu.
Un bilan écologique plus détaillé et des préconisations en matière de restauration des milieux seront faites lorsque l’incendie sera déclaré éteint.

 

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