Il y a des conflits sociaux qui sont difficiles à saisir, aussi bien du côté des salariés en grève que du côté de la direction de l’établissement. Dernier exemple en date, un conflit qui a débuté ce matin au sein d’une partie des salariés d’une station-service de Saint-Pierre, la station Caltex de la Ligne Paradis.
Il était 5h30 ce matin lorsque huit salariés sont entrés en grève. Une grève qui a été annoncée ce matin selon les salariés concernés mais une grève aussi que réfute la direction de l’établissement, à savoir le gérant Goolam Akbaraly et son directeur des ressources humaines, Jean-Michel Lefèvre.
« Pour lui, les menaces et les intimidations sont monnaies courantes«
Ils sont sept pompistes à avoir débrayé au petit matin pour dénoncer un « certain nombre de pressions » de la part de leur direction. Un des éléments déclencheurs aurait été le licenciement d’un de leurs collègues caissier ce mercredi. Un licenciement qu’ils considèrent comme abusif. Les salariés concernés par ce mouvement sont à la fois inquiets et en colère puisqu’ils s’attendent à être licenciés après plusieurs années de travail.
« On ne comprend pas ce DRH qui n’en est même pas un. Pour lui les menaces et les intimidations sont monnaies courantes. Mises à pieds, avertissements, convocations dans le bureau du gérant, il s’est permis de faire ce qui lui plaisait. Aujourd’hui, nous manifestons notre ras-le bol face à une direction qui ne joue pas le jeu. Il y a même eu des paroles inadmissibles sur un salarié qualifié d’atteint d’Alzheimer de la part de M. Lefèvre, dans une lettre remise en main propre le 29 août dernier.
On reproche à notre collègue d’avoir présenté des caisses avec des déficits mais ce que l’on ne vous dit pas c’est que pendant les pauses des caissiers n’importe qui peut s’introduire dans notre caisse et faire ce que bon lui semble. Cette situation ne peut plus durer. De la part d’un membre du syndicat des pompistes, c’est grave » explique un des grévistes.
« On condamne le mouvement de cette minorité…«
Les revendications du personnel concernent un réintégration du collègue licencié le 14 octobre, l’organisation d’élections de délégués du personnel, ainsi que l’arrêt du harcèlement moral, des intimidations, des pressions, de la discrimination et de la maltraitance.
Face à ces accusations les membres de la direction forment un bloc uni. Le gérant qui a pris la tête de cet établissement il y a six ans estime agir en toute légalité : « On condamne le mouvement de cette minorité de salariés car nous n’avons jamais été informés d’un quelconque mouvement de grève et encore moins des revendications des salariés. Ce sont des clients qui nous ont transmis ces documents, ces tracts. Ce matin, lorsque je suis allé leur dire bonjour, je n’ai eu aucune réponse et nous découvrons maintenant des revendications dont une a déjà été actée » explique Goolam Akbaraly.
Quant au Directeur des ressources humaines, le constat est le même que précédemment : « Lorsqu’il manque près de 150 euros dans une caisse chaque mois, c’est grave. On agit de la sorte après avoir prévenu les salariés concernés des erreurs commises et ce, depuis bien longtemps. Tous ne font pas de telles erreurs répétées. ».
Les salariés ne modifieront pas leur position actuelle et ont déjà entamé une procédure auprès du Tribunal des Prudhommes à travers un représentant de Force ouvrière. Par ailleurs, un huissier de justice était présent sur place cet après-midi pour noter les difficultés pour les véhicules à entrer dans la station. Des difficultés fictives étant donnée le sitting des salariés à la périphérie de cette même station. Manipulations de la direction ? Conflit exagéré des salariés ? Une chose est sûre, il est encore trop tôt pour se prononcer avec certitude sur cette affaire.