Ils sont cinq, cinq clampins, deux chauffeurs et trois receleurs, dont le moins que l’on puisse dire est que la réflexion n’est pas leur point fort.
Rudy et Fabien sont chauffeurs-livreurs dans une société du Port qui est le fournisseur exclusif de fromage râpé à destination privilégiée des snacks-bars. Pour fabriquer essentiellement des sandwiches dont la principale caractéristique n’est pas le souci anti cholestérol. Mais ça se vend comme des petits pains, si l’on ose dire.
Sous le fabuleux prétexte que leur patron les paie irrégulièrement, voire avec beaucoup de retard, et qu’il refuse de régler les heures sup’, nos deux larrons choisissent de se payer sur la bête. Pensant avoir trouvé un système imparable, ils offrent les sachets de fromage râpé à des amis tenanciers de snacks, pratiquement à moitié prix.
Aubaine pour les bistrotiers, tout bénèf pour nos voleurs, le système est effectivement imparable… pour se faire gauler. Les faux bons de livraison sont vite éventés par leur employeur ; nos voleurs et leurs receleurs passent vite à table. Surtout que chez leurs « clients » qui n’avaient réclamé ni facture ni bons de livraison (les faux étaient destinés à la comptabilité du patron uniquement), les cartons de fromage sont retrouvés dans leurs poubelles. Ces naïfs n’ont même pas songé à s’en débarrasser, ce qui indique assez qu’on n’a pas vraiment affaire à de dangereux criminels.
Ce qui leur a probablement sauvé la mise et amoindri les peines prononcées. Le procureur, tout en dénonçant un système bien huilé, n’a réclamé que des peines de principe, nos deux mauvais (mais vraiment mauvais) larrons étant déjà bien punis par la perte de leur emploi et l’obligation, la trentaine passée, de retourner vivre chez papa maman. 4 mois avec sursis pour chacun.
Les acheteurs peu regardants, eux, écopent de peine allant de 30 jours-amendes, de 20, 30 et 40 euros selon les cas.
Jules Bénard