« Sur la politique économique, pour dynamiser un territoire, il faut donner des moyens aux entreprises« , lance Ibrahim Patel. Jusque là silencieux, le président de la CCIR a décidé d’analyser les annonces faites par le nouveau Premier ministre, Manuel Valls, lors de son grand oral devant les députés.
Première critique, le manque d’informations et de décisions pour les entreprises des départements d’outre-mer. « Nous avons très peu entendu d’annonces pour les DOM« , explique Ibrahim Patel.
Si les annonces d’allègement du coût du travail sont jugées « bonnes » par le président de la CCIR, elles ne peuvent être appliquées à la Réunion. Les départements d’outre-mer disposent déjà de ces allègements de charge sur les cotisations patronales, via la LODEOM. « Cette mesure sera populaire dans l’hexagone, mais elle existe déjà à la Réunion depuis 2000« , souligne-t-il.
Suppression de 90 millions d’euros d’exonérations
Autre grief avancé par Ibrahim Patel, le traitement « différent » entre le territoire national et les DOM. Si au niveau national, le CICE (Crédit impôt compétitivité) est cumulable avec les exonérations de charges, la donne est différente à la Réunion. « La mise en place du CICE s’est traduite par une suppression de 90 millions d’euros d’exonérations pour les entreprises réunionnaises« , poursuit-il. Le président de la CCIR exhorte le nouveau Premier ministre à revenir sur cette « suppression » mise en place par l’ancien gouvernement.
Concernant l’apprentissage, Ibrahim Patel réclame une refonte de la réforme en cours sur la taxe d’apprentissage. Le président de la CCIR dénonce l’abandon de la prime de 2.000 euros versée aux entreprises (indemnité compensatrice de forfaitaire), mais également une perte évaluée à hauteur de 2,5 millions d’euros pour la CCIR. « Cela va se traduire par une baisse comprise entre 10 et 30.000 apprentis au niveau national et 300 apprentis à la Réunion« , explique Ibrahim Patel.
Un coup de pouce sur le pouvoir d’achat
Mais quelques mesures trouvent grâce auprès de la CCIR. La première est la baisse annoncée des cotisations salariales. « Les charges sociales sont un dû aux salariés. Cette baisse augmentera les salaires et le pouvoir d’achat des Réunionnais« , précise-t-il. Une mesure qui devrait procurer environ 500 euros de plus par an de salaire net. « Cela favorisera la consommation et l’acte d’achat auprès des acteurs économiques« , poursuit Ibrahim Patel.
La seconde mesure approuvée par la CCIR est la baisse annoncée du taux normal de l’impôt sur le résultat des entreprises. « Une mesure positive qu’il s’agisse de la suppression de la surtaxe ou de l’abaissement du taux d’imposition sur le bénéfice de 5 points (33 à 28%)« , explique Ibrahim Patel. Seul regret pour le président de la CCIR, l’échéance fixée par le nouveau gouvernement, à l’horizon 2020, est jugée trop lointaine.
« Le Premier ministre a lancé un programme vers les entreprises, plus orienté vers la métropole que pour la Réunion (…). C’est un homme qui fonctionne avec énergie et dynamisme, il en faut pour la France, mais aussi pour les départements d’outre-mer. Car il ne faut pas oublier que les TPE et PME représentent 85 à 90% du tissu économique local« , conclut-il.