Le conseil communautaire du TCO a connu hier soir un emballement qu’il n’avait pour ainsi dire jamais connu en douze ans de délibérations. Elus de Saint-Paul et Trois-Bassins n’ont pu se mettre d’accord, vice versa, avec ceux de la Possession, du Port et de Saint-Leu.
« Le spectacle » comme l’a mentionné Rahiba Dubois (élue de St-Paul), avait pour décor une salle de conseil bondée, « une première », laisseront entendre des élus en début de séance, et une autre salle connexe où les échanges étaient suivis sur grand écran. « Ils ont fait déplacer les sections communistes pour faire pression », sourit un élu communautaire pro-Bello.
Sur le théâtre des opérations, les premiers rôles sont joués par les maires en personne, à l’exception notable des deux Roland : Robert et Ramakistin, tous deux hors département.
« Respect de l’équilibre » contre « respect de la loi »
Rappelons à ce stade que la direction du TCO (soutenue par les villes du Port, de la Possession et de Saint-Leu) avait mis sur la table sa proposition. Celle-ci prévoyait une répartition tant sur le critère du poids démographique que sur des considérations économiques. Dans ce schéma, Saint-Paul obtenait 20 sièges, Le Port 15, La Possession et Saint-Leu 11, Trois-Bassins enfin s’en sortait avec 6 délégués communautaires.
Face aux trois villes, Saint-Paul et Trois-Bassins offraient une lecture sensiblement différente. Si le seul critère démographique est pris en compte, ce qui est « une constante dans toutes les décisions de découpage électoral » argumente Huguette Bello, Saint-Paul s’en trouverait renforcé avec 33 sièges (opposition comprise). Suivraient Le Port (13), La Possession et Saint-Leu (10) et Trois-Bassins avec 6 sièges.
Une heure et demie d’échanges stériles ont révélé au grand jour les divisions qui régnaient sur cette répartition des sièges, voire au-delà. Jean-Yves Langenier, président de l’instance, n’a eu de cesse de prêcher en faveur du « respect de l’équilibre » né des premiers mois du TCO, au début des années 2000. « Un accord responsable, avec des élus de gauche comme de droite, qui a permis de présenter un bilan, après deux mandats, loin d’être négatif », résume-t-il. Oui, mais à l’époque, un certain équilibre était possible car « il y avait des arrangements : c’est normal, il n’y avait pas de loi », lui rétorque sèchement Jean-Marc Gamarus, fidèle lieutenant d’Huguette Bello. Accompagné dans le verbe par les élus de Trois-Bassins et de Saint-Paul, tous ont rappelé que « la loi ne se discutait pas ».
Les élus quittent la salle
Représentant La Possession, Jean-Hugues Savigny appuie les intentions du président du TCO. « C’est une répartition qui a fait ses preuves. Quand vous dites que les 33 élus saint-paulois ne vont pas déséquilibrer l’instance, c’est faux », affirme-t-il. Thierry Robert, toujours dans un style ultra offensif, n’a pas manqué d’évoquer la trame qui se joue derrière cette répartition des sièges. « Il faut que les masques tombent. En réalité, c’est un jeu de politique politicienne. Certains sont en train d’anticiper 2014, et ça, il faut le dire », lance-t-il à l’assemblée. Huguette Bello, à sa droite immédiate, mais sans que jamais leurs regards ne se croisent, se sent visée.
« On veut partager contrairement à ce qui a pu être dit« , assure-t-elle, avant d’insister sur le mandat qui est le sien pour 100.000 habitants. « Il ne faut pas compter sur nous pour que la représentativité de Saint-Paul soit spoliée ». L’arbitrage préfectoral rattrapera Trois-Bassins qui finira, « et tout le monde le sait, avec deux sièges », ajoute Thierry Robert, si toutefois le scénario proposé par la direction du TCO n’est pas celui choisi.
A deux longueurs d’un vote inespéré pour certains et forcé pour d’autres, les élus de Saint-Paul et de Trois-Bassins ont pris la porte. C’est donc sièges vides que le scénario retenu par la direction du TCO a été voté, le quorum étant toujours opérant. Huguette Bello prévient : ses services contesteront cette délibération sur le terrain du contentieux.