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Grossesse et alcool : évitons que bébé ne trinque

L’association RéuniSAF et les étudiants infirmiers du Sud menaient hier soir une action de prévention contre le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF), devant une boîte de nuit de St-Pierre. Le but était de faire prendre conscience aux jeunes des dangers de la prise d’alcool et de ses conséquences sur d’éventuelles grossesses.

Ecrit par Johanne Chung To Sang – le dimanche 30 août 2009 à 11H18

Le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale à la Réunion est un vrai problème de société. La consommation d’alcool dans l’île est d’ailleurs réputée pour être plus forte qu’en métropole. Chaque année, ce sont plusieurs dizaines d’enfants – 4,8 pour mille naissances –  qui naissent avec des séquelles de l’alcoolisme de leur mère pendant la grossesse.

Un comportement pourtant facile à éviter, et qui demande beaucoup de prévention, mais surtout de responsabilisation. Ainsi, dans le cadre de la journée internationale du Syndrome d’Alcoolisation Fœtale, le 9 Septembre – la date du 09/09 évoquant bien sûr les 9 mois de grossesse – trois étudiantes infirmières de l’IFSI de St-Pierre ont choisi d’intervenir cette année auprès des jeunes. Avec l’aide de l’association RéuniSAF, qui prévient des risques de l’alcoolisme chez la femme enceinte depuis 2001, leur but était hier de toucher le maximum de jeunes fréquentant les boîtes de nuit, et consommant de l’alcool.

En plus d’informer les fêtards présents ce soir là des risques de la prise d’alcool pendant les neuf mois de grossesse, l’intervention est allée beaucoup plus loin : il s’agissait de prendre le problème à sa source, en prévenant aussi des grossesses parfois non-désirées dues à la prise abusive d’alcool. C’est pourquoi l’association et les étudiantes infirmières ont proposé à chaque client de la boîte de nuit des préservatifs, gratuits, afin d’éviter bien des surprises à certaines jeunes filles ayant peut-être pris un verre de trop … « Si tu bois, protège-toi », est le message que délivrait aux jeunes filles Laurie Leong-Chong, une des trois étudiantes présentes hier soir. « Il faut prévenir les jeunes filles des méfaits de l’alcool, à l’origine de désinhibtion, parfois d’abus sexuels, et ainsi éviter les grossesses non-désirées sous l’emprise de l’alcool », poursuit la jeune étudiante.

Postées à l’entrée de la boîte de nuit et munies de questionnaires, les futures infirmières ont aussi évalué les connaissances des jeunes sur le SAF. Car la plupart ne se doutent pas qu’un seul verre au tout début de la grossesse peut porter préjudice à l’enfant, ou encore qu’un verre de whisky, un verre de vin, et une bière contiennent tous trois la même dose d’alcool. C’est en rétablissant la vérité sur ces simples faits que les effets de l’alcoolisation fœtale pourront disparaître peu à peu. Certains jeunes sont toutefois informés et conscients du danger.

Séverine, avant d’entrer à l’intérieur de la boîte, nous raconte : « J’avais une voisine qui a bu quand elle était enceinte, j’ai vu ce que ça fait, les enfants sont attardés, c’est complètement irresponsable, ce sont des mères indignes ». Tous n’ont qu’un seul mot aux lèvres : irresponsabilité. Preuve que la jeunesse est consciente du danger, tous ce soir là assuraient qu’ils n’encourageraient ou n’adopteraient jamais un tel comportement en cas de grossesse. « La mère devrait penser à elle et surtout à son futur enfant, et éviter de boire. En tout cas, ma femme elle, ne boira pas, je l’en empêcherai », confie Alex, la vingtaine. Il termine : « Ce genre d’action devrait se faire plus souvent, et l’entrée des boîtes, c’est une très bonne idée pour toucher les jeunes ».

Un bilan plutôt positif donc, pour ce projet d’équipe. Un projet qui a d’ailleurs sollicité la générosité de partenaires : les quelques mille préservatifs distribués ce soir là ont été collectés par les étudiantes infirmières auprès de pharmacies, grossistes et associations comme Sid’Aventure. Graziella Duez, étudiante à l’IFSI de St-Pierre, est surprise : « la majorité des jeunes connaît les conséquences du SAF, y compris les garçons, qui se sentent concernés et se disent les premiers à empêcher leur femme de boire, c’est très positif ».

Sa collègue Leïla Amadori, participant aussi à l’action de ce vendredi , note : « Les jeunes sont très ouverts au sujet, ils ont volontiers répondu à nos questionnaires. On constate qu’ils ne connaissent rien à l’alcool, et ils sont venus pour boire, donc ils vont boire … » Un autre problème, qui mérite aussi qu’on s’y attarde. L’objet d’une prochaine action, peut-être.

Rappelons que le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale est la première cause de déficience mentale à la Réunion. En institutions spécialisées, 10% des enfants sont victimes du SAF. Et pour cause, la toxicité de l’alcool entraîne des malformations fœtales, qui auront pour effet dans le futur de nombreuses conséquences. Parmi elles, le retard mental de l’enfant, des retards de croissance,  ainsi que des troubles comportementaux tels l’exclusion sociale, ou encore des difficultés à l’école. Ces effets, plus ou moins sévères, peuvent être occasionnés par la consommation de ne serait-ce qu’un verre d’alcool. Alors, si vous tenez à votre bébé et à son futur, n’oubliez pas ce qui était inscrit sur les rubans roses distribués hier soir : « Neuf mois, zéro alcool ».

Pour toute information sur le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale, un site : http://reunisaf.com
L’association se met aussi au service des mamans, des familles et des professionnels, au 0262 22 10 04.

 

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