Je critique les organisations syndicales , – surtout quand il s’agit de syndicats de la fonction publique – , lorsqu’elles s’immiscent dans le débat politique, parce que j’estime que ce n’est pas leur rôle .
Mais cette fois j’applaudis à leur mise en garde « technique » .
L’ « Usine à gaz » du prélèvement à la source .
Les syndicats Solidaires Finances Publiques, CGT et FO ont prédit vendredi dernier un « accident industriel » majeur avec la mise en œuvre du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu à compter de janvier 2018.
Dans un communiqué commun, les trois organisations syndicales ont ainsi mis en garde contre des « risques d’accident industriel susceptibles de se produire tant sur le niveau des recettes fiscales de l’État que sur le consentement à l’impôt, les conditions d’accueil des contribuables ou encore les conditions de travail des personnels de la Direction Générale des Finances publiques » qu’entrainerait le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu … »L’ouverture de la campagne de dépôt des déclarations de revenus va pousser vers les services de la DGFiP de nombreux contribuables déboussolés, en recherche de réponses précises », craignent-elles.
Dénonçant une « usine à gaz », elles affirment que cette réforme « va alourdir les charges de travail sans que pour autant la simplification attendue par les contribuables soit au rendez-vous » .
Elles réclament « l’abandon » du projet.
Un projet pensé par l’équipe de Macron, contraire à nos valeurs
Actuellement la situation fiscale de chaque contribuable est confidentielle et maîtrisée par lui. Il bénéficie en outre d’un différé de paiement de son impôt d’un an : les paiements, mensuels ou par tiers, automatisés ou manuels, se font, de manière échelonnée et contrôlée par le contribuable lui-même, dans l’année qui suit la perception de ses revenus.
Ca c’était avant que l’équipe de technocrates, avec à sa tête notre grand capitaine, ne s’en mêle.
Le prélèvement à la source, conçu par l’équipe de Macron avant son départ du gouvernement , prévoit que l’impôt sur le revenu sera collecté, à partir du 1er janvier 2018, au moment du versement du salaire par l’employeur, qui sera en charge d’opérer les retenues prescrites et qui aura donc, à ce titre, connaissance de la situation fiscale de son salarié.
Pour les retraités, c’est la caisse de retraite qui se chargera de la collecte.
Nouveau revirement de Macron
François Fillon a dit clairement que s’il était élu, il abandonnerait cette réforme bureaucratique , contraire aux principes de liberté et au droit à l’autonomie des citoyens.
Macron, de son côté, a été le maître d’œuvre de cette réforme, qui figurait donc en bonne place dans son programme.
Et puis voilà que, la semaine dernière, sentant le vent tourner, notre marcheur s’est ravisé une nouvelle fois! Donc mercredi dernier il a déclaré, à qui voulait l’entendre, vouloir, en premier temps, « expérimenter » pendant une année le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Il n’est plus certain , nous a-t-il dit, de la « robustesse technique » du dispositif. Prudent, il ne souhaite plus qu’il soit généralisé tout de suite. Et dans un assaut de lucidité, notre technocrate a convenu qu’il y aura immanquablement des loupés techniques et qu’il « n’avait pas envie « ( sic ) de « plonger le pays dans l’incertitude totale ».
Trois ans de travail pour en arriver là ! Cruel aveu d’incompétence pour un inspecteur des finances de la génération 2.0! Quel amateurisme !
On connaît évidemment la chanson : lorsqu’une réforme ne passe pas , pour contourner la volonté des citoyens et passer en force, dans le secret des bureaux de nos technocrates , on présente la mesure comme « expérimentale » , ou « transitoire ». Les choses sérieuses sont renvoyées après , à l’insu du plein gré de citoyens jugés idiots et irresponsables…
La CSG en embuscade
A ceux qui douteraient de la légitimité de notre méfiance vis-à-vis de promesses fumeuses de dernière minute , rappelons aussi que Macron veut augmenter la CSG de 1,7 %. Or la CSG, qui rapporte plus que l’impôt sur le revenu, est non seulement un impôt prélevé à la source mais c’est un impôt injuste car non progressif. Cette majoration sur laquelle Macron n’est pas revenue, quoiqu’avec lui on ne sait plus très bien en fait, frappera durement ceux qui ne pourront négocier des compensations de revenus, tels les retraités, que Macron n’aime pas parce qu’il y voit des « rentiers » de la vie.