Gilmée fait partie de la délégation du collectif « Appel de l’Ermitage ». Agée d’environ 60 ans, elle quitte la préfecture, ce début d’après-midi, fière comme un coq. Elle et les autres membres viennent d’être reçus par un représentant de l’Etat qui s’est engagé à remettre, dans les plus hautes sphères, leur lettre adressée au président de la République, François Hollande, sur la grande pauvreté qui sévit à la Réunion.
Rien ne permet de croire que ces quelques écrits pourront faire bouger les lignes, pour autant, ils sont nombreux ce jour à avoir les yeux remplis d’espoir. Dans les jardins de la préfecture, ils sont une trentaine à s’être déplacés. La grande pauvreté, certains la vivent au quotidien. Gilmée, habitante de Saint-Gilles Les Hauts, doit plus de 6.000 euros à la Créole. Christiane est venue avec une pancarte cet après-midi, elle doit de l’argent aux services d’eau, d’électricité, à son propriétaire… Elle paye à chacun une petite somme tous les mois, et bien souvent les termine avec juste quelques sous pour manger. Agée de 56 ans, Christiane vit seule et perçoit le RSA. Son niveau de formation, son âge et son diabète ne sont pas vraiment des atouts pour retrouver un emploi…
C’est pour aider ces personnes en situation de grande pauvreté que le collectif se démène. Pierre Thiebaut est conseiller municipal de Saint-Paul et secrétaire de la section Saint-Pauloise du PCR. C’est à l’initiative de sa section que le collectif a été créé il y a quelques années. « Après plusieurs réunions, une réalité s’est rapidement imposée : Toutes les communes de la Réunion sont concernées par la grande pauvreté. Nous avons réalisé que beaucoup de gens vivent avec moins de 3 euros par jour, ce n’est même pas le prix d’une barquette de cari !« , introduit-il.
Le rapport sur le fonds d’aide aux plus démunis adopté
Pour remédier à cette situation, le collectif demande dans sa lettre que la France, 5e puissance économique mondiale, « prévoit un ‘reste à vivre’ d’un minimum de 10 euros par jour« , expose Pierre Thiebaut, qui rappelle qu’en 2000, l’ONU demandait à tous les Etats signataires des OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement) que soit éradiquée l’extrême pauvreté dans le monde…
Autre constat, des aides sont versées aux personnes âgées les plus pauvres, mais dans le même temps, la loi prévoit qu’au décès de ces mêmes personnes, le remboursement de tout ou partie des aides reçues peut être demandé, notamment aux héritiers, qui découvrent pour la plupart cette procédure. Une situation qui oblige certaines personnes à refuser l’aide… Le collectif demande donc la suppression de cette loi. Par ailleurs, afin d’aider des personnes comme Gismée ou Christiane, le collectif demande l’apurement des dettes des plus pauvres.
Un homme a séduit le collectif par son discours, il s’agit du député européen, Younous Omarjee, dont le rapport sur le fonds d’aide aux plus démunis a été adopté, ce jour, en commission développement régional. Le collectif a demandé au président de la République qu’il puisse apporter tout son soutien à son combat pour les plus démunis en Europe, en France, dans les Dom et à la Réunion.