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Grâce aux SEM, certains élus gagnent plus de 7.000€ par mois… Et parfois encore plus…

C’est Paul Vergès qui avait été le premier à lancer dans le milieu des années 80 la mode des créations de SEM à la Réunion. Avec un certain succès, il faut le reconnaitre. On se souvient par exemple de la SEMADER avec Daniel Pavageau qui avait réalisé un excellent travail. Très vite, d’autres élus ont […]

Ecrit par zinfos974 – le dimanche 11 octobre 2015 à 14H02

C’est Paul Vergès qui avait été le premier à lancer dans le milieu des années 80 la mode des créations de SEM à la Réunion. Avec un certain succès, il faut le reconnaitre. On se souvient par exemple de la SEMADER avec Daniel Pavageau qui avait réalisé un excellent travail.

Très vite, d’autres élus ont compris l’intérêt de ces structures et les ont multipliées, comme Gilbert Annette à Saint-Denis. C’est ainsi que l’on a vu naître dans la capitale la Sodiac pour la gestion immobilière, la Sodiparc pour les réseaux de bus et les parcmètres, la Nordev pour le parc des expositions du Chaudron et tout dernièrement la Cité des Arts. N’oublions pas l’épisode malheureux de Dionysport, cette SEM qui devait organiser des manifestations sportives à Saint-Denis, mais qui a disparu en laissant un gros trou financier que les contribuables de Saint-Denis ont dû combler.

Ces SEM, si elles présentent quelques avantages, cumulent pourtant de nombreux défauts.

La loi prévoit que leur capital doit être majoritairement constitué de capitaux publics. Les maires ou présidents de collectivités apportent généralement un peu plus de la moitié des fonds, et confient le reste à la société d’un « ami« , spécialiste du secteur concerné, en général un « sponsor » de ses campagnes électorales, et cela sans aucune consultation. C’est le fait du Prince !

On aboutit de la sorte à une totale distorsion de la concurrence.

Si un maire crée une SEM et y investit des millions, c’est qu’il sait d’avance qu’il va s’arranger pour lui faire remporter les appels d’offres de sa ville, quitte à « arranger » les critères…

L’avantage pour lui est qu’il va pouvoir y caser ses élus comme PDG et y embaucher ses sympathisants et militants par dizaines, à des salaires confortables, sans avoir à supplier ou menacer les patrons du privé. Avec l’avantage supplémentaire que c’est lui qui fait l’embauche, et qu’il a tout lieu d’espérer que l’heureux bénéficiaire et sa famille lui en seront reconnaissants au moment des futures élections…

La société privée actionnaire de la SEM va se consoler en récupérant quelques miettes du gâteau au travers des dividendes sur bénéfices. Mais les grands perdants sont les autres entreprises du secteur, qui auraient pu espérer remporter le marché dans le cadre d’une concurrence normale, et qui se voient exclus de ces contrats juteux par les magouilles destinées à privilégier la SEM communale. Et qu’elles ne s’avisent pas de râler car elles risqueraient alors de perdre tous les autres marchés municipaux. Et c’est la mort assurée.

Au final, le grand perdant sera le contribuable de la commune qui va souvent payer plus cher une prestation, souvent moins bien faite que si elle avait été assurée par un professionnel et qui, sans le savoir, a apporté via le conseil municipal des millions d’euros de garanties d’emprunts à ces SEM qu’il va devoir rembourser en cas de faillite. Comme ce fut le cas à Saint-Denis avec la SEM Dionysport qui a « bouffé » son capital d’un million d’euros et 4 ans et qui a laissé un passif de plusieurs centaines de milliers d’euros…

Mais revenons à nos SEM et à leurs dirigeants…

Comme nous l’avons dit, c’est Gilbert Annette qui le premier a choisi de transformer ses présidents de SEM qui officiaient jusque là de façon quasi-bénévole (mis à part les avantages en nature comme les voyages en 1ère classe, la voiture, les téléphones, etc…) en présidents directeurs généraux, avec des salaires de 3.500€ par mois, qui viennent s’additionner à leurs indemnités d’élus.

Prenons le cas de Jacques Lowinsky : 2.000€ comme 1er adjoint + 3.500€ comme PDG de la Sodiparc + 600€ comme conseiller communautaire à la Cinor, soit un total de presque 6.000€ par mois ! Qui viennent en complément du salaire, si d’aventure l’élu en question a conservé son métier antérieur ! Et tout cela le plus légalement du monde !

Son activité est tellement débordante à la Sodiparc qu’un cadre nous avait récemment confié que son bureau y était minuscule, qu’il n’y mettait presque jamais les pieds. Et signe de son inutilité : qu’on n’y avait même pas installé de téléphone…

Autre exemple, Philippe Naillet : 650€ comme conseiller municipal + 1.500 € comme vice-président de la Cinor + 4.100€ comme PDG de la Sodiac, soit un total de 6.250€ !

Enfin, la presse s’était émue du salaire de Didier Robert en tant que PDG de la SPLA Maraïna. Les rumeurs les plus folles avaient couru. On avait même évoqué une rémunération de 15.000€, rumeur qui se propageait d’autant plus facilement que le président de la Région opposait le mutisme le plus complet à toutes les questions des journalistes. Finalement, certains journaux ont évoqué un salaire de 6.800€, rien que pour ce poste, sans qu’il soit possible là encore d’avoir confirmation de ce chiffre. Depuis avril dernier, il a été remplacé à ce poste par Fabienne Couapel-Sauret, qui occupe déjà par ailleurs les fonctions de vice-présidente de la Région, de présidente de l’Agorah (agence d’urbanisme de La Réunion), de vice-présidente de la réserve marine et de présidente par intérim du syndicat mixte des transports. Sans que nous sachions lesquelles de ces fonctions sont rémunérées et celles qui ne le sont pas…

Ces dernières années, tous les maires de grosses communes et tous les présidents de collectivités (Région, Département et Communautés d’agglomérations) ont multiplié les SEM et autres SPLA, de façon à y caser leurs élus et leurs amis, voire même à s’octroyer à eux mêmes un salaire plus que confortable.

Des salaires élevés pour un travail minimum

Mais difficile pour quelqu’un qui n’était qu’un simple salarié ou un enseignant avant d’être élu de se transformer soudainement en un PDG de société qui gère des centaines de millions de chiffre d’affaire et des centaines de salariés. Résultat : ces PDG de façade ne font en général presque rien et délèguent (heureusement, d’ailleurs…) la totalité de leurs pouvoirs à un directeur, encore mieux payé qu’eux. Ce qui est normal puisque ce sont eux qui « se tapent » tout le travail. Et il n’est pas rare de voir ces directeurs généraux de SEM toucher des salaires bien supérieurs à 10.000€ !!!

Vous comprenez mieux maintenant pourquoi nos maires et présidents de collectivités adorent autant les SEM et autres SPLA…

 

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