Je viens d’apprendre le décès de l’écrivain Gilbert Manès.
Si je ne partageais absolument pas sa vision ultra conservatrice, l’homme de lettres était bien plus humaniste que l’on croit.
Cet homme chaleureux fut interloqué par l’hypocrisie des pouvoirs ambiants et il avait besoin d’exprimer son vécu et ses sentiments.
Avec « Les Espions de St Gilles » et le débarquement raté des deux espions anglais, c’est son enfance qu’il décrit.
Dans « Il était de Bourbon », ce sont ses souvenirs du lycée Leconte de Lisle et de Salazie qui sont relatés.
Pour lui, l’ouvrage le plus important fut « Famadihana – Le Grand Retournement ».
Ancien agent secret de la France-Afrique avec Foccart, il avait pour mission de tenir la France informée.
Il se lie de sympathie avec le Colonel Ratsimandrava, un homme nationaliste mais droit qui aurait fait un bon président pour Madagascar. Lorsque celui-ci fut lâchement assassiné par une fraction adverse qui prit le pouvoir pour aller avec les pouvoirs soviétiques, alors que les services secrets lui demandèrent le sceau du silence, c’est un poids moral qui s’abattit sur lui, d’où ce roman… nous dirons fictif…
« La Rivière des Créoles » est, elle, une autre fiction catastrophe et moins réaliste de notre Réunion.
Un des moments les plus délicats et intenses vécu aux Éditions Azalées, fut la rencontre entre deux auteurs si différents : Boris Gamaleya et lui, dans la salle des pas perdus et je me trouvais en arbitre de la paix, à calmer les ardeurs !
Gilbert, membre de l’Académie de La Réunion d’Alain Vauthier, était aussi peintre et c’est dans ses voyages dans l’océan Indien, en peignant les paysages de la mer, qu’il trouvait plus de sérénité. Il a marqué dans son engagement littéraire la culture locale.
Nous adressons à son épouse et à sa famille toutes nos condoléances.
Christian Vittori