Le JIR l’annonçait en exclusivité ce matin : la Réunion ne serait pas exclue du dispositif national de gel du prix de l’essence, une des promesses du candidat François Hollande. Un responsable non-identifié du ministère des Outremer expliquait même au JIR qu’« il n’est pas envisageable qu’une telle décision ne s’applique pas en Outre-mer alors qu’il s’agit d’une réflexion nationale. Il y aura des adaptations à faire au niveau juridique, mais la Réunion n’est pas exclue« .
C’est peu dire que la nouvelle a mis dans l’embarras les services de la préfecture de la Réunion. On se refuse à tout commentaire, mais on sent bien le malaise.
Le problème vient du fait que ce matin sur BFMTV, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a annoncé une prochaine diminution, « modeste » et « provisoire« , des taxes sur les carburants perçues par l’Etat pour faire baisser les prix à la pompe. Et il a précisé que cette mesure serait prise « en attendant de mettre en place un mécanisme qui régule le prix des carburants« .
Contrairement à la promesse de François Hollande de geler les prix, le Premier ministre a donc choisi de diminuer les taxes, de façon à faire baisser le prix de vente au détail de l’essence et du gasoil. Or, à la Réunion, ce n’est pas l’Etat qui fixe le montant des taxes et qui les perçoit : c’est la Région. Et il existe un principe constitutionnel, dit de libre administration, qui empêche à l’Etat d’imposer une modification de sa fiscalité à une autre collectivité, en l’occurence à la Région.
Dans ces conditions, comment faire pour réussir à empêcher l’essence d’atteindre la barre des 1,71 euro le litre et le gasoil celle des 1,31 euro? Manifestement, on ne connait pas la recette miracle du côté de la Préfecture. Et il ne faut pas compter sur Didier Robert pour remettre la main à la poche, lui qui vient de mettre fin au gel des prix le 1er juillet dernier, une mesure qui a quand même coûté 16 millions à la Région.
Si ce n’est la Région, il ne reste plus que les pétroliers et les gérants de stations-services à pouvoir faire un effort. Mais les pétroliers estiment avoir déjà suffisamment donné, tandis que les gérants expliquent toujours que leurs marges sont hyper réduites et que si l’on voulait baisser les prix d’un ou deux centimes, ils seraient contraints de licencier tous leurs employés qui servent les clients à la pompe. D’autant qu’avec 1 ou 2 centimes, on serait encore loin du compte…
Enfin, on voit mal comment arriver à les convaincre d’ici une semaine, date annoncée pour l’augmentation, alors qu’aucune réunion n’est à ce jour programmée.
Il est donc à craindre que la promesse du ministère des Outremer dans le JIR de ce matin ne soit qu’une promesse en l’air et que, malheureusement, le 1er septembre prochain, le sans-plomb, actuellement à 1,61 euro le litre, passe à 1,71 euro et le gazole, vendu ce mois-ci 1,26 euro, atteigne 1,31 euro…