Et si l’agriculture réunionnaise n’était pas aussi bien dotée qu’elle pouvait l’espérer en terme de fonds européens agricoles pour la période 2014-2020? Pierre Vergès, vice-président du Conseil général en charge de l’agriculture, tire la sonnette d’alarme et invite le gouvernement à épargner la Réunion dans les arbitrages qu’il doit mener.
Pourtant, rien ne présageait une telle issue. Fin juin dernier, le Parlement Européen et les Etats membres de l’Union Européenne trouvaient un accord concernant la politique agricole commune 2014-2020 et l’utilisation du Fonds européen agricole de développement rural (Feader).
8,8 milliards d’euros pour la France
Durant cette période, la France recevra ainsi 8,8 milliards d’euros au titre du Feader, soit une augmentation d’environ 10% par rapport à la période 2007-2013, où elle avait perçu 7,6 milliards d’euros. Il revient désormais au gouvernement français de répartir cette somme entre les différentes régions de métropole et d’outre-mer, probablement d’ici la fin de l’année.
La Réunion pouvait s’attendre à une augmentation de ses crédits en raison de son statut de Région ultra-périphérique (elle avait perçu 329 millions d’euros en 2007-2013). Mais l’augmentation des crédits pourrait ne pas être aussi importante qu’attendue, d’après Pierre Vergès.
« Nous sommes pour la période 2014-2020 dans l’incertitude quant au niveau financier qui sera consacré à la Réunion », explique-t-il. D’après le vice-président du Conseil général en charge de l’agriculture, « la part de la Réunion pourrait ne pas être à la hauteur de ce qu’elle peut prétendre », compte-tenu de l’augmentation de 10% de la part française du Feader pour la période 2014-2020.
Une augmentation de seulement 3% pour la Réunion ?
« Avec cette augmentation, la Réunion pourrait aspirer à une trentaine de millions d’euros supplémentaires pour la période 2014-2020 (par rapport à 2007-2013, ndlr). Mais il nous revient qu’elle pourrait n’être que d’environ 10 millions d’euros, soit environ 3% », poursuit Pierre Vergès, qui évoque avoir eu « des retours de Paris et de Bruxelles » sur cette sensible question des crédits européens.
Pourquoi une telle situation ? L’accès imminent, au 1er janvier 2014, de Mayotte au statut de région ultrapériphérique n’y est sans doute pas étranger. Mais pour Pierre Vergès, un tel arbitrage du gouvernement français ne serait « pas acceptable« , compte-tenu du fait que l’Etat a dans le même temps confirmé un gel de ses dotations envers les collectivités locales.
« Nous devons être vigilants pour défendre le traitement différencié et particulier de la Réunion et pour qu’il y ait une prise en compte de nos spécificités« , lance-t-il, citant l’éloignement géographique, l’insularité, l’étroitesse du marché et les contraintes résultant de la démographie.
Pierre Vergès invite donc l’Etat « à démentir par les chiffres » ces allégations. Si elles venaient à être confirmées, l’agriculture réunionnaise pâtirait selon lui de ces arbitrages du gouvernement.