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Firose Gador : Gouverner, est-ce mentir ?

La diatribe du maire du Port en conseil municipal à l’encontre de la gestion de son prédécesseur est pleine de contre-vérités, dont la plupart relèvent d’une méconnaissance de sa part – réelle ou feinte ?¬ – du fonctionnement d’un budget communal. Ses propos visent à discréditer par tous les moyens l’équipe précédente, mais l’ignorance, l’excès […]

Ecrit par zinfos974 – le lundi 22 décembre 2014 à 10H22

La diatribe du maire du Port en conseil municipal à l’encontre de la gestion de son prédécesseur est pleine de contre-vérités, dont la plupart relèvent d’une méconnaissance de sa part – réelle ou feinte ?¬ – du fonctionnement d’un budget communal. Ses propos visent à discréditer par tous les moyens l’équipe précédente, mais l’ignorance, l’excès et la mauvaise foi sont des « arguments » qui se retourneront contre lui.

« Les caisses sont vides » dit-il. C’est une tromperie. Si les caisses étaient « vides », comment la commune aurait-elle fait pour avoir toujours payé l’ensemble de ses fournisseurs sans aucun retard ? La réputation de la commune du Port est jusqu’à ce jour celle d’une commune qui paie tout ce qu’elle doit dans les temps, à commencer par les dépenses et salaires du personnel.
La notion de « fonds propres » semble échapper à la compréhension du maire. Faire le procès à la municipalité précédente d’avoir « financé tous les travaux des écoles sur fonds propres » est proprement aberrant. Le financement sur fonds propres s’impose quand il n’existe aucune subvention. C’est ce qui a été le cas pour la rénovation des écoles. Après la fin de l’aide du conseil régional à ce programme et la fin des contrats de coopération communale du conseil général, plus aucune subvention n’a été obtenue, malgré les démarches effectuées. Le choix se posait alors en termes clairs. Ou bien on décidait de n’entreprendre aucune intervention sur les écoles faute de subvention, et on laissait le parc des écoles se dégrader avec le temps sans réagir, ou bien on décidait que c’était une dépense prioritaire et on investissait sur fonds propres.  Assimiler, comme le maire l’a fait, ces décisions à des erreurs de gestion montre une fois de plus son parti pris. 

Signalons au passage qu’en évoquant ces travaux sur les écoles, le nouveau maire reconnaît la nécessité d’une programmation pluriannuelle, chose que les précédentes municipalités du Port ont toujours faite, pour une maintenance nécessaire de ce parc de 31 écoles (5 écoles en 1971), que le nouveau maire va continuer… mais non pas initier ! 

A propos d’emprunt, se lamenter sur l' »endettement excessif » de la Ville, c’est oublier à quoi ont servi ces financements, au fil des décennies d’un développement évident du Port. Il suffit de se rappeler les secteurs entiers couverts d’un habitat précaire de bidonvilles (parmi les plus grands de La Réunion), aujourd’hui résorbés au profit d’un cadre de vie complètement transformé. Avoir eu recours à l’emprunt, tout en maintenant une augmentation modérée de l’impôt, cela a été faire le choix de  métamorphoser la ville du Port, sans attendre 20 ou 30 ans, cela a été faire face à ses responsabilités d’élus à l’écoute des besoins primordiaux de la population. Il serait honnête de reconnaître à quel point les conditions de vie des enfants en particulier ont été améliorées dans un laps de temps remarquablement court, au lieu de faire semblant de s’apitoyer sur les « générations futures » victimes d’un endettement soi-disant inconsidéré.

Force est de reconnaître que les équipes municipales en place depuis 1971, tout au long de ces 43 années qu’Olivier Hoarau ose qualifier de « 43 années d’inertie », ont pris à bras le corps les problèmes dont la complexité et la dimension échappent manifestement au maire en 2014. Le problème de l’approvisionnement de la commune en eau en est un bon exemple. Le Port aujourd’hui est régulièrement alimenté en eau -une eau de qualité, et la deuxième moins chère après Sainte-Rose- quelles que soient les intempéries. 
Quand Olivier Hoarau veut faire croire que les investissements au Port étaient opérés sans faire appel au partenariat financier, c’est là encore « bluff et mensonge ». A l’entendre c’est lui qui va faire appel – grande nouveauté ! – au co-financement (Etat, région, TCO, etc…). Mais la Ville du Port ne l’a pas attendu pour solliciter, systématiquement et toujours, les co-financements des partenaires. Il ne peut pas ignorer par exemple que la Ville du Port a été la première commune à La Réunion à signer une convention pluriannuelle avec l’A.F.D. (Agence Française de Développement), ce qui a permis d’obtenir des subventions et des emprunts à des taux sans équivalent au niveau local, afin de réaliser des projets « dans les domaines de l’aménagement urbain, de l’environnement et de la coopération régionale ». L’actuelle municipalité continuera en 2015 à bénéficier de ce partenariat initié par Jean-Yves Langenier. 

Pour en terminer avec l' »endettement excessif » martelé par le maire, on constate au vu des chiffres du budget 2014 que l’endettement n’a pas été réduit, au contraire. L’ancienne équipe avait inscrit 2 millions d’emprunt dans le budget prévisionnel 2014. Il a, par décision budgétaire modificative, plus que doublé l’emprunt 2014. Pour 2015 il ne le réduit pas, et rien n’exclut qu’il ne procèdera pas comme il vient de le faire en 2014. Il est loin de prendre le chemin du désendettement amorcé depuis 2009 (58,5 millions d’euros en 2009, 52,4 millions d’euros en 2012). Une chose est de dire, une autre est de faire.

Du réquisitoire du nouveau maire se dégage l’idée, source de son « inspiration », que le maire Jean-Yves Langenier est responsable de tous les maux dont souffre la société réunionnaise sur le territoire de la commune du Port. Cela lui permet d’exonérer l’Etat, qui est responsable -faut-il le rappeler ?- de l’emploi et de la formation, ainsi que du logement. Et pourtant, s’il y a eu une commune à La Réunion qui a impulsé une politique du logement social au-delà de son domaine de compétence, c’est bien la commune du Port. Quant à l’emploi et la formation, pourquoi Olivier Hoarau a-t-il décidé de signer l’arrêt de mort du projet du Centre de Formation qui aurait permis aux Portois d’accéder à une meilleure qualification, du niveau élémentaire (C.A.P., B.E.P.) au niveau supérieur (ingénieur,…) ? Là aussi, il y a un écart entre le dire et le faire… 

Au final, l’intervention du maire porte les signes de l’excès et de la légèreté. Quand il dit : « Nous ne lançons pas de grands travaux pour laisser notre nom sur une plaque » ! Mais  il en lancera, même à son corps défendant, à l’exemple de la prochaine opération de rénovation urbaine de la cité Ariste Bolon, qui vient d’être validée dans le cadre du Programme national. C’est vrai qu’il n’est pas à l’initiative  de la chose : est-ce la raison pour laquelle il n’en a soufflé mot au dernier conseil municipal ? Autre exemple de « grands travaux » qu’il ne pourra pas remettre en cause : le projet « Ville et Port »… avec ou sans plaque!

Quand le nouveau maire dit à propos du projet « Ville d’Art et d’Histoire »: « Le Port a toujours eu une mauvaise image. Il s’agit maintenant de faire renaître Le Port ». Quelle outrance, qui verse dans le ridicule ! Une outrance qui rejoint l’indécence du titre « Lo Por libéré » pour sa campagne de communication du 20 décembre ! Vouloir rabaisser l’abolition de l’esclavage à La Réunion à une simple alternance politique au Port relève de l’escroquerie… Mais pour qui se prend-il ?

Firose Gador

    

 

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