Pour alerter sur les conséquences d’une telle mesure, le SNES-FSU Réunion, le SGEN-CFDT, l’UNSA Éducation, Sud Éducation Réunion et le collectif des PsyEN (psychologue de l’Education national) du second degré des CIO de La Réunion ont donné une conférence de presse ce mercredi matin, au CIO du Port. « C’est la suppression d’un service public sans concertation, avec un risque de privatisation », s’indigne Serge Esnault, psyEn et formateur, alors que la compétence orientation ira désormais aux régions, qui pourront déléguer à des entreprises privées.
« Si on fait disparaître ce système, neutre et gratuit, ça donne un accès plus limité aux gens qui en ont le plus besoin, puisque ça laissera plus de place aux opérateurs privés qui facturent ». Seuls les plus aisés pourront alors se payer des « services » d’orientation parfois très onéreux. « On se bat pour maintenir une égalité scolaire, une démocratisation des parcours, grâce à la gratuité ».
Alors que les professionnels de l’orientation seront à l’avenir complètement affectés à des établissements scolaires, ils s’inquiètent : « Qui s’occupera des jeunes non scolarisés demandant un retour en formation, des décrocheurs, des étudiants, des adultes, des personnes en situation de handicap cherchant des informations sur leur scolarité ? »
« Beaucoup de contraintes et moins de choix »
Autre aspect pointé du doigt : les conseils d’orientation personnalisés. Actuellement assurés par des psychologues scolaires, spécialement formés, ils seront assurés par des professeurs, en plus de leurs heures d’enseignement. De quoi faire craindre une baisse de qualité du conseil en orientation, les professeurs n’étant pas des psychologues.
L’inquiétude d’un manque de neutralité du futur système s’ajoute à la liste : « L’ONISEP fournit une information neutre et indépendante sur l’ensemble du territoire via ses délégations régionales (celle de la Réunion se trouve à St Denis). Confiée aux régions, aux branches professionnelles, aux organismes privés, cette information deviendra partiale, partielle et orientée ».
Pour Serge Esnault, le projet de loi porte on ne peut plus mal son nom. « Manifestement, ce projet va créer beaucoup plus de contraintes et moins de liberté de choix », poursuit-il, regrettant la suppression annoncée d’un dispositif, qui, s’il est perfectible, n’en est pas moins « performant ».
Un mouvement de grève est prévu le 22 mai prochain. Une pétition a également été lancée pour dire [« non à la suppression des CIO »]urlblank:https://www.change.org/p/jean-michel-blanquer-non-a-la-suppression-des-cio .
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*délégation régionale de l’office national d’information sur les enseignements et les professions