C’est une de ces guerres de religion dont les chapelles de l’écologie sont les spécialistes. Au départ, une bonne idée : la technologie du « tri mécano-biologique » (TMB) doit permettre, à partir de nos ordures ménagères (la poubelle du tout-venant), de créer une matière qui retourne à la terre pour la fertiliser, la nourrir.
Les industriels l’appellent abusivement « compost« , alors que, rappelle Jean-Jacques Fasquel, maître-composteur à Paris, le compost, ce sont des déchets d’origine biologique qui se transforment en terreau fertile, comme nous l’ont appris les amis de Pierre Rabhi.
Là, on met toute la poubelle en usine, celle-ci trie pour nous, produit du gaz méthane en passant, et ressort un substrat théoriquement réutilisable en agriculture. Idéal sur le papier.
La méthode alternative consiste à collecter à part les biodéchets (alimentaires et verts) et oblige donc le citoyen à un tri supplémentaire.
L’idée est de « valoriser » comme disent les industriels, et de réduire le volume de ce qui part à l’incinérateur.
A Romainville, les travaux de l’usine arrêtés
De grosses usines faisant tri, méthanisation et compost, fleurissent un peu partout depuis le Grenelle de l’environnement. Comme celle qui est en projet à Romainville dont des riverains particulièrement en colère ont réussi à empêcher le début des travaux.
Les opposants à ce projet dénoncent non seulement les nuisances (odeurs, mouches…), mais aussi le « mensonge » de la promesse initiale : non, nos poubelles ne produisent pas un compost utilisable en agriculture, clament-ils.
Le projet de Romainville divise y compris au sein du PS et d’EELV. « On s’est fait rouler dans la farine« , disent même certains élus écologistes.
Une norme, certes, mais laxiste
Cette semaine, les Assises des déchets à Paris ont été l’occasion d’un débat serré entre les tenants et les opposants de cette méthode.
En ouverture d’une table ronde sur le sujet, Yves Coppin, de Véolia Environnement, se félicitait que « 10 à 12% de la population française valorise ses biodéchets« . Et d’ajouter que dans les 27 usines françaises de « TMB » on fait entrer 1 million de tonnes d’ordures ménagères résiduelles et sortir 250 000 tonnes de compost pour l’agriculture.
Un chiffre contesté par Roger Beaufort, du bureau d’études Horizons : « Sur les 250 000 tonnes de “compost” produit, combien est réellement utilisé dans l’agriculture ? A Montpellier ou Fos, seulement 10% en 2010, le reste repart en décharge car il n’est pas à la norme« .
[L’intégralité de l’article sur Rue 89.]urlblank:http://www.rue89.com/rue89-planete/2012/07/07/faire-de-lengrais-avec-nos-ordures-menageres-la-fausse-bonne-idee-233644