Le groupement départemental de Force Ouvrière, branche des services publics, rappelle les municipalités à l’ordre. Les exemples de pression exercée sur le personnel communal sont nombreux dans cette période préélectorale, déplore FO.
« Le personnel communal reste tributaire des pressions politiques », analyse Marina Amony, secrétaire départementale Force Ouvrière. Lors d’une conférence de presse donnée ce mercredi à Saint-Pierre au Centre de Gestion, les syndicalistes ont voulu crever l’abcès et dire stop au « flicage des agents communaux ».
Pêle-mêle, les syndicalistes font remonter les doléances qui émanent des agents communaux. « On nous demande d’assister aux meetings, de participer au boîtage, c’est-à-dire la distribution de tracts », énonce un membre du syndicat. Les « mises au placard, au sens propre comme au figuré », seraient légion au sein des collectivités dans la période risquée des élections.
Pas une mairie n’est épargnée à en croire Marina Amony, secrétaire départementale Force Ouvrière, services publics. Les intercommunalités sont également comprises dans ce tableau décidément bien sombre: « Ce qui est choquant, attristant et honteux, dit-elle, c’est que ces pressions entraînent des dégradations dans le travail mené par ces agents ».
Si le syndicat a voulu tirer la sonnette d’alarme, c’est parce que ce sont des agents qui les dénoncent. Mais la crainte de représailles, d’une nouvelle affectation dégradante, d’une suppression de prime, finissent par les inciter au silence. « S’ils ne le payent pas maintenant, ce sera après les élections », ajoute Marina Amony. Autant les titulaires que les contrats précaires sont concernés, selon elle.
Parmi les syndicalistes présents ce matin à Saint-Pierre, une équipe de Saint-Paul a bien voulu entrer dans le détail. « Nous pouvons témoigner parce que nous avons la casquette de représentant syndical », rectifie d’emblée Aude Cazanove, secrétaire adjointe FO mairie de Saint-Paul, membre du CTP et CHSCT. « C’est trop flagrant. On voit que les choses se sont dégradées depuis le début 2014 ». FO attend, dit-elle, une réponse de la mairie sur des décisions en matière de ressources humaines qu’elle qualifie de « floues ». Un exemple : « vous avez des personnes qui attendent sur liste d’aptitude et on voit débarquer d’autres de nulle part qui obtiennent le poste. Nous constatons que certains hauts fonctionnaires n’ont plus d’autorité et tout passe par un circuit autre que l’administration générale chargée du personnel, qui coupe et qui hâche ».
Sans porter d’accusation jusque-là, Force Ouvrière regrette néanmoins que les demandes d’éclaircissement de l’autorité politique soient restées lettre morte. « Un courrier a été envoyé à Mme la députée-maire le 21 novembre 2013. On n’a rien vu revenir », explique Aude Cazanove.
Faire campagne contre des promesses
« Demandez-vous pourquoi beaucoup d’employés communaux sont en congés durant cette période d’élection ? », demande, faussement naïve, Marina Amony. Des employés communaux qui se sentent menacés s’ils ne battent pas campagne pour le maire sortant, voilà le constat que dresse Force Ouvrière. Un constat récurrent, à chaque élection locale, que le syndicat souhaite résolument voir aboli.
La fonction publique territoriale de la Réunion a une très grande particularité de part son faible taux de titulaires, ce qui rend cette armée de contrats précaires corvéable à merci. Sur 36.000 agents que comporte l’ensemble des collectivités territoriales, seuls 30% de ces agents bénéficient du statut prévu par la loi du 26 janvier 1984. « Les autres bénéficient soit d’un CDI « péi » existant uniquement à la Réunion, soit d’un CDD de 3, 6 ou 12 mois renouvelé maintes fois et cela pendant des années », déplore FO.