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Exhibitionniste, 60 ans, pauvre, handicapé mental: Que fait-il devant un tribunal ?

Jean M., 60 ans dans quelques mois, n’a vraiment pas été gâté par la vie. Seul sur les hauteurs de Trois-Bassins, dans une misérable case en bois sous tôle, il ne travaille pas, il n’a jamais travaillé et pour cause. Totalement illettré (lire, écrire et compter sont étrangers à son univers), il survit avec une […]

Ecrit par Jules Bénard – le mercredi 10 juin 2015 à 09H59

Jean M., 60 ans dans quelques mois, n’a vraiment pas été gâté par la vie. Seul sur les hauteurs de Trois-Bassins, dans une misérable case en bois sous tôle, il ne travaille pas, il n’a jamais travaillé et pour cause. Totalement illettré (lire, écrire et compter sont étrangers à son univers), il survit avec une AAH, allocation adulte handicapé. Ses deux sœurs, tout près, s’occupent un peu de lui mais il échappe à tout contrôle quand sa lubie revient.

Sa lubie, son péché mignon, son seul passe-temps, pourrait-on dire, est d’exhiber ses parties intimes aux passants, surtout aux passantes d’ailleurs. Il pousse parfois la mutinerie jusqu’à se masturber à l’usage de qui veut bien le regarder.

Jean M. n’est pas un violent, ne boit pas, ne fume pas et n’a jamais agressé qui que ce soit sinon par gestes intimes sur sa propre personne. Son casier judiciaire est aussi vierge que lui-même et il est à mille lieues de ce qui se dit devant la Cour alors qu’il est le sujet principal de la discussion. Il ne comprend manifestement pas ce qu’il fait là.

Ce qu’il fait là est simple : le 3 octobre 2014, il s’est exhibé une fois encore et à commencé à se masturber devant une jeune femme qui se rendait à son travail de femme de ménage juste à côté. Affolée par ce qu’elle voyait, elle a couru chez son employeur. Jean M. a patiemment attendu qu’elle ait fini son travail, avec l’obstination des  » à côté de la plaque « . Et a réitéré à son intention ses gestes que la morale réprouve mais que lui trouve fort bons.
Ni une ni deux, offusquée dans son honneur et sa vertu conjugués, elle  » s’en fut crier aux flics j’ai vu quèquchose d’obscène « , chantait l’ami Georges.

 » Il ne vit pas dans notre monde « 

Ses deux sœurs étaient là pour accompagner Jean car il n’aurait manifestement pas trouvé seul le chemin du tribunal.

Tout ce que ce pauvre homme trouve à dire, lorsque les mots de la présidente Tomasini parviennent enfin à son cerveau, c’est que  » Non ! Moin la pas fé ça. Moin té sava aux toilettes et c’est lo voisin  la venu engarde à moin derrière les nacos « .

Avec obstination, il s’acharnera à le répéter tout au long de sa présence à la barre. Infiniment patiente, la présidente s’attachera à lui faire comprendre qu’il a mal agi ; ça le dépasse.
Entendus par les gendarmes, les voisins ont dit qu’ils s’étaient habitués à son manège et détournaient le regard en passant devant chez lui. Ils ne le détestent pas, ne l’aiment pas non plus ; ils l’acceptent tel qu’il est.

Notre homme a été examiné par un psychiatre qui n’a pu que confirmer son errance psychologique, sa non dangerosité mais  quand même,  » que son jugement n’était pas aboli au moment des faits « .

 » Jugement non aboli mais peut-être altéré malgré tout ? «  s’est empressé de relever Me Frédéric Hoareau, son défenseur.  » Il n’est pas dans notre monde,  même moi je ne peux dialoguer avec lui ! «  Soulignant que  » même les gendarmes évoquent sa faible capacité de compréhension ! «  Les gendarmes apprécieront, je pense.

Constatant le décalage manifeste entre Jean M. et la réalité, la procureur Chloé Tanguy n’a demandé qu’une sanction minime assortie du sursis. La présidente Tomasini, après énoncé du verdict (15 jours avec sursis), comprenant que son vis-à-vis, lui, ne comprenait rien, lui a gentiment expliqué :
 » Vous n’irez pas en prison si vous ne recommencez pas « .

Que lui souhaiter ? … Sinon que la petite bonne n’aille pas porter plainte la prochaine fois.

 

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