Une soupe épaisse hier, une tranche de pain de mie ce matin. Manger à nouveau des repas solides doit se faire progressivement pour Carmen Allié et les autres ex-grévistes de la faim. « Il faut recommencer prudemment », indique-t-elle. Elle a interrompu la grève de la faim hier mais n’hésitera pas à la recommencer samedi si aucune solution n’est trouvée pour les ex-Arsat qui attendent depuis deux ans de percevoir leurs indemnités de licenciement.
Pendant quelques jours, les ex-grévistes de la faim ne pourront pas manger à leur guise et devront le faire progressivement. « Il faut une semaine de réadaptation à la nourriture solide », indique Carmen Allié, très affaibli, ressentant une grande lassitude et qui se dit dans un état second. « Je suis rentrée chez moi hier soir et se fut très agréable de sentir l’eau couler sur ma peau. Parfois on commence une phrase et on inverse les mots », témoigne-t-telle.
« C’est une véritable guerre »
Une grève de la faim affaiblit l’organisme et « on est plus fragile. J’ai attrapé des mycoses sur la peau et je dois mettre de la crème plusieurs fois par jours mais ça ne part pas ». Carmen Allié est convaincue qu’elle ne sortira pas indemne de cette affaire. « Même si on a stoppé la grève de la faim, on est toujours dans la bulle de l’Arast. C’est une véritable guerre et j’ai failli un jour me grimer, me mettre du cirage sur tout le visage pour signifier que c’est la guerre », ajoute Carmen Allié, qui assure que c’est le plus dur des combats qu’elle ait mené et qu’elle consultera un psychologue: « Je suis de nature gaie mais j’ai peur de ne plus retrouver ma joie de vivre »
« Il avait décidé de mourir pour la cause »
Paul Junot est encore plus déterminé et voulait mardi dernier entamer une grève de la soif. « J’ai dû faire faire appelle à toute ma force de conviction pour l’empêcher de se lancer dans cette grève de la soif. Il avait décidé de mourir pour la cause et m’a répondu qu’il avait chargé une personne de prendre le relais du dossier », assure Carmen Allié. Le syndicaliste confirme qu’il « préfère mourir libre plutôt qu’enchainé par des gens qui bafouent le droit et la démocratie ».
Un roman pour la mémoire
Selon Carmen Allié, Arnold Jacoud, psychosociologue, va écrire un roman sur l’affaire Arast. « C’est bien pour nous, car on ne veut plus jamais ça. Mais nous c’est rien à côté de ces femmes qui ont vécu un calvaire pendant deux ans ».
La journée de demain sera décisive. Un premier rendez-vous est prévu à 9h au Conseil général où il sera question de définir la cellule de reclassement pour un guichet unique et à la mi-journée, la table ronde portera sur les indemnités qui ne sont pas encore payées.
« Si une solution définitive n’est pas trouvée, je recommence la grève de la faim dès samedi », répète Carmen Allié, qui craint que son acolyte Paul Junot mette à exécution sa grève de la soif dès samedi.