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« Etre agriculteur bio relève de la démarche éthique »

Une manifestation comme la foire de Bras-Panon est toujours l'occasion d'une rencontre entre professionnels de l'agriculture. C'est dans cette grand messe annuelle que les techniciens de la Chambre d'Agriculture viennent aiguiller les agriculteurs désireux de se convertir au bio. Les candidats ne sont pas nombreux. Malgré les aides octroyées pour une installation ou une reconversion, les conditions climatiques voire même l'absence de produits adaptés en milieu tropical restent des freins indéniables.

Ecrit par Ludovic Grondin – le vendredi 13 mai 2011 à 11H52


Pas si facile de convaincre un agriculteur conventionnel à se mettre au vert. C’est tout le constat dressé par Gilbert Rossolin, chargé de mission environnement à la Chambre d’agriculture. Présent à la Foire de Bras-Panon jusque ce dimanche, le VRP d’une agriculture saine reste lucide quant aux difficultés qui peuvent se dresser devant l’engouement d’un futur agriculteur bio.

Avant d’y arriver, l’étape intermédiaire reste l’agriculture dite « raisonnée ». Celle-ci favorise autant que possible la démarche naturelle quand cela est réalisable. « Il se peut que la lutte contre les insectes qui attaquent la plante soit biologique mais que l’engrais utilisé soit moins naturel. La démarche pour tendre vers du naturel est là mais parfois l’outil biologique n’est pas encore prêt », résume Gilbert Rossolin. C’est ce qui démarque le « raisonné » du « bio ».

« On a oublié trop vite la lutte physique »

Les aléas météorologiques n’aident pas l’agriculture réunionnaise à moins consommer de pesticides et autres produits. « Prenez l’exemple d’un herbicide qu’un cultivateur répand. Deux heures après, il pleut. C’est souvent le cas dans l’Est par exemple. Mais cela concerne aussi le bio. Au final, c’est dans les nappes phréatiques que l’on retrouve tous ces produits« .

Autre difficulté majeure : « les produits fabriqués à une échelle internationale et donc élaborés pour les cultures en Europe par exemple ne correspondent pas forcément aux conditions que l’on retrouve dans une île comme la Réunion ». Les produits et les techniques de lutte n’existent pas forcément, c’est ça le problème du développement de l’agriculture bio aujourd’hui. « Je crois que l’on a oublié trop vite la lutte physique en elle-même, comme arracher les mauvaises herbes (l’extension de la main-d’œuvre a un coût), au profit du tout chimique », poursuit-il.

 

Pourtant, les mesures incitatives sont à portée. « L’agriculteur peut bénéficier d’un crédit d’impôt sur son exploitation, cumulable avec les mesures agricoles environnementales (MAE) ». Deux types de MAE existent : celle qui permet la conversion d’un agriculteur conventionnel et celle qui aide à l’hectare pour maintenir la pratique.

Au-delà des finances, une aide technique à l’installation est également envisageable. « Le technicien de la chambre est là pour faciliter l’itinéraire de production de l’agriculteur, dans les démarches pour obtenir les labels, pour la connaissance des dispositifs par exemple…« .

Des pertes énormes dans le bio

Avec de tels soutiens, comment expliquer un intérêt aussi faible pour l’agriculture biologique ? En métropole, seuls 2% de la surface agricole est occupée par du champ bio. « A la Réunion, c’est moins de 1% », précise Gilbert Rossolin. « Ce retard s’explique par le fait que la certificateur Tropic océan Indien impose des contraintes importantes. Une phase de conversion doit durer deux ans dans le maraichage et est de trois ans dans la culture fruitière. C’est un cycle long que ne sont pas prêts à suivre beaucoup de cultivateurs ». Ensuite, le parcours du combattant n’est pas fini. Il y a un contrôle au moins une fois par an effectué par la fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB) pour certifier que les produits soient bien issus de cette agriculture.

Malgré une bonne volonté affichée, le découragement est aussi financier. « Dans l’agriculture bio, les pertes sont énormes. Peiner à atteindre un salaire de 1,2 Smic au bout de 5 ans laisse perplexe. Dans ces conditions, se mettre au bio relève plus de la démarche éthique que du profit ». « Il y a aussi les opportunistes », mais promis, le chargé de mission n’en parlera pas cette fois-ci.

Sur 7.500 agriculteurs que compte l’île, 150 sont certifiés « agriculture raisonnée ». Enfin, seule une cinquantaine d’exploitations est de type biologique.

 

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