Normalement, dans une île, la promotion touristique est axée principalement sur les plages, la couleur turquoise des eaux du lagon et les activités nautiques. A la Réunion, ce n’est malheureusement plus possible depuis la crise requins. Il nous faut donc trouver autre chose pour maintenir à flots la principale industrie de l’île, avec les emplois et les rentrées de devises qui vont avec.
La chance de la Réunion, c’est que nous n’avons heureusement pas que nos plages. Très tôt, nous avons cherché à mettre en avant la beauté de nos pitons, cirques et remparts, avant même la crise requins, conscients que nous étions que nous aurions du mal à lutter en matière de beauté des plages avec des vedettes touristiques comme Maurice ou les Seychelles. Ça a moyennement marché car force est de constater que les touristes prêts à dépenser plus de 1.000€ pour venir crapahuter sur nos sentiers sont moins nombreux que ceux qui rêvent toute l’année de plages de sable blanc et de cocotiers… Et que souvent, ce sont plutôt des touristes « chaussures de randonnée et sac à dos« , qui dépensent beaucoup moins que ceux qui fréquentent habituellement les palaces de bord-de-mer…
Mais voila que Dame nature, comme si elle voulait se rattraper du mauvais coup qu’elle nous a fait avec les requins, nous offre un autre atout, susceptible d’attirer à la Réunion une cohorte de touristes avides de sensationnel, originaires de la zone océan Indien mais aussi d’Europe : notre brave Piton de la Fournaise qui vient de se réveiller et qui a la bonne idée de cracher sa lave rougeoyante en moyenne plus d’une fois par an.
Pour inciter les touristes du monde entier à venir nous rendre visite, encore faudrait-il que des produits aient été préparés en amont. Ce n’est pas une fois que « le volcan la pété » que l’on va se réveiller pour se demander ce qu’on pourrait leur offrir. Il faudrait que l’IRT organise des réunions préparatoires avec les hôteliers, les compagnies aériennes et les publicitaires pour mettre au point des campagnes comprenant le billet plus l’hébergement plus une visite guidée du volcan, qui seraient mises en ligne sur différents médias nationaux et internationaux dès les premières heures de l’éruption.
Mais ce n’est pas suffisant. Une fois le touriste débarqué à Gillot, encore faut-il avoir quelque chose à lui montrer. Et c’est là que le préfet, entre en scène. Il est vital pour notre économie touristique que le préfet, au lieu d’ouvrir le parapluie en fermant l’enclos, avant même l’apparition des premières coulées de lave, soit un moteur de la promotion de notre île. Qu’il prenne l’initiative d’organiser des réunions avec l’ONF, avant même toute éruption, pour mettre en place une équipe « commando » prête à « gicler » dès les premières éruptions pour mettre en place un sentier sécurisé destiné à accueillir les touristes au plus près des cratères éruptifs, tout en préservant au maximum leur sécurité. Et qu’il mette en place un plan en collaboration avec la gendarmerie, pour sécuriser ce sentier et les abords du cratère.
Il est clair que la solution qui consiste à fermer l’enclos est la plus confortable pour le préfet. Pas de touristes dans l’enclo signifie zéro prise de risques. Et une telle solution n’est pas pour déplaire au représentant de l’Etat ! Mais est-ce de ça dont la Réunion a besoin actuellement ?
On va me rétorquer que c’est dangereux. Oui et non. Au cours des 30 dernières années, de mémoire -mais il est possible que je me trompe et je compte sur les lecteurs de Zinfos pour me corriger- le volcan n’a connu qu’un accident mortel, en août 2003 : un touriste qui était sorti de la zone autorisée et qui était tombé dans un torrent de lave qui coulait sous une mince couche de lave durcie qui a cédé sous son poids.
Un mort en 30 ans, est-ce suffisant pour priver la Réunion du seul atout touristique qui lui reste? N’y-a-t-il pas moyen de mobiliser les moyens en gendarmes en nombre suffisant pour sécuriser l’éruption et permettre aux touristes, mais aussi aux Réunionnais, de profiter de leur volcan ?
A chaque éruption, la même question se pose : Au nom de quoi prive-t-on les Réunionnais de leur volcan, alors que nos parents, et même nous quand nous étions jeunes, pouvions aller au plus près des laves sans que cela ne gène personne?
Au nom de quoi prive-t-on les Réunionnais de leur volcan, alors que pendant ce temps, quelques hauts fonctionnaires mobilisent les hélicoptères de la gendarmerie ou de l’armée pour aller le survoler avec leurs familles et amis? Je ne sais si c’est le cas cette fois-ci, mais le fait m’a été rapporté suffisamment de fois dans le passé pour que je sache que ce n’est pas une lubie…
Et au nom de quoi le spectacle du volcan devrait-il être réservé à quelques personnes qui ont les moyens de se payer un survol en hélicoptère, au détriment du reste de la population ?
Il est plus que temps de rendre le Piton de la Fournaise aux Réunionnais… et aux touristes qui sont prêts à dépenser des sommes importantes pour pouvoir l’approcher.