Posons d’abord les personnages de notre histoire.
Vous avez tout d’abord Yves Evenat, l’homme-clé de cette histoire, qui a officié pendant trente ans à la tête de la Sicalait en tant que directeur général. Olivier Dekokère a pris sa succession en août 2013 sans qu’il ne soit mis dans la confidence. Il a été écarté du processus de recrutement et n’a été informé de son éviction et de l’arrivée de son successeur qu’un mois avant que celui-ci ne débarque de l’avion.
Rien que du très classique jusque là, allez-vous me dire… Oui, sauf que… Sauf que, bien qu’écarté de la direction, Yves Evenat est resté le PDG de Fermes et Jardins, une des filiales de la Sicalait dont il est aussi actionnaire, tout en conservant son poste d’administrateur de la Cilam. Ce détail est important car, dans les faits, Yves Evenat se retrouve PDG d’une filiale de la Sicalait et, à ce titre, doit rendre des comptes à Olivier Dekokère, ce qu’il vit très mal…
Or, il se trouve que par des jeux de facturation de charges en interne, la Sicalait prenait depuis très longtemps à sa charge certains frais de sa filiale, de façon à permettre à Fermes et Jardins de dégager en apparence des bénéfices… Ce qui permettait à Yves Evenat de valoriser les actions dont il est propriétaire !
Mais Yves Evenat décide récemment de vendre ses dernières actions Fermes et Jardins et il cherche donc à les optimiser au maximum pour grossir son pécule.
Plusieurs administrateurs étaient au courant de cette opération visant à gonfler artificiellement les bénéfices de Fermes et Jardins et voyaient d’un très mauvais œil cette « manipulation » au détriment de la Sicalait. Ils ont donc décidé de sortir Yves Evenat de la gestion pour stopper ces pratiques pour le moins douteuses…
Yves Evenat l’apprend et découvre qu’il est prévu de le priver de son mandat de président directeur général de Fermes et Jardins en avril 2015. Il lui faut donc agir vite car, après cette date, il ne ne pourra plus s’opposer aux décisions prises…
Pour dégager Olivier Dekokère, il va s’appuyer sur deux fidèles. Nicolas Klein tout d’abord, un ancien de la Cilam, aujourd’hui directeur opérationnel de Fermes et Jardins dont je vous rappelle que le PDG n’est autre qu’Yves Evenat. Et Alain R., un de ses proches, par ailleurs responsable d’un des 6 magasins Fermes et Jardins, celui de Saint-Paul, rallié aux grévistes et qui a justifié cet engagement devant les médias par des « changements stratégiques de la direction » (de la Sicalait), qui provoquent des « problématiques économiques au final« .
Nicolas Klein est directeur opérationnel de Fermes et Jardins et il a tout intérêt à ce que sa société continue à faire des bénéfices car il bénéficie d’une très grosse prime d’objectif (60.000 €) et il est donc vital pour lui de bonifier Fermes et Jardins au détriment de la Sicalait. Il a appris récemment le projet de restructuration et le moins que l’on puisse dire est que la perspective de perdre une partie de sa prime ne l’a pas ravi…
Ne restait plus qu’à se servir des ressentiments (légitimes ?) des employés de la Sicalait envers leur patron aux méthodes peut-être un peu « rugueuses » (?) pour arriver à leurs résultats. Quitte à ce qu’Yves Evenat leur octroie des jours de congé pour aller manifester à la Sicalait…
Et voilà comment des salariés protègent, sans le savoir, les intérêts privés de hauts cadres un brin manipulateurs…