Nouvelle cacophonie au sein du gouvernement : Manuel Valls avait lancé le débat, lundi dernier, à Londres, en estimant que la question du montant et de la durée de l’indemnisation du chômage devait « être posée« . Lors de leur prochaine négociation sur le sujet prévue « au plus tard » en 2016, les partenaires sociaux devront, disait-il, se poser « la question des devoirs des chômeurs associés à leurs droits, de l’accompagnement de ces chômeurs par Pôle emploi, et la question de l’incitation à la reprise la plus rapide d’une activité« .
Dans la foulée, et devant la vive réaction des syndicats qui avaient parlé de « provocation« , François Hollande était intervenu depuis l’Italie pour affirmer qu’il n’y avait aucune urgence (signalons simplement que le système sera déficitaire de 4 milliards cette année…) et pour repousser le débat à début 2016, au moment des négociations entre partenaires sociaux. Assurant qu’il y avait « suffisamment de sujets pour que nous soyons bien occupés et que nous montrions que nous faisons des réformes utiles à l’emploi« .
Malgré cette mise au point présidentielle, hier, c’est Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, qui remet le sujet sur le tapis à l’occasion d’une interview accordée au Journal du Dimanche, dans le but affirmé selon lui de créer une « nouvelle donne » en France et en Europe et de « débloquer le pays« .
Nouvelle réaction courroucée, cette fois de Jean-Christophe Cambadélis, le Premier secrétaire du PS, qui prend le contrepied du ministre de l’Economie, en lui rappelant que les ministres doivent se conformer à la parole présidentielle: « La gauche n’a pas de tabous, mais elle a quelques totems, en particulier le fait que quand le président de la République s’exprime, les ministres appliquent« , a-t-il déclaré.
Le moins que l’on puisse dire est que ça fait désordre. D’autant que cette nouvelle polémique intervient après de nombreuses suggestions libérales du même style avancées soit par Manuel Vall, soit par son ministre de l’Economie, ce qui oblige à chaque fois François Hollande à monter au créneau pour jouer à l’équilibriste avec un refrain qui pourrait être : « Ils n’ont pas tort, mais ce n’est pas le moment« …
A se demander si l’objectif recherché par Valls et Macron n’est pas de provoquer un clash identique à celui de Jacques Chirac en 1976 qui avait démissionné de son poste de Premier ministre de Giscard d’Estaing en déclarant : « Je ne dispose pas des moyens que j’estime nécessaires pour assumer efficacement les fonctions de Premier ministre et dans ces conditions, j’ai décidé d’y mettre fin« …
A moins que François Hollande ne craque avant eux et ne décide de les virer…
Cette posture permettrait à Manuel Valls de se présenter à la présidentielle de 2017 avec l’image de quelqu’un qui a tout fait pour réformer le pays, mais qui en a été empêché par François Hollande. Ca avait réussi à Jacques Chirac. Pourquoi pas à lui, est-il en droit de se dire…