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Eric Fruteau : « 2013, année décisive »

Eric Fruteau, le maire de Saint-André, explique dans une tribune que nous publions intégralement, que 2013 sera "une année décisive" concernant la future décentralisation et ses enjeux pour La Réunion. 2013 sera en effet "l'année de la réforme institutionnelle certes, mais aussi celle du temps de la négociation", souligne-t-il. "Je propose que chaque collectivité prenne une initiative, et lance, par anticipation, le débat pour faire émerger solidairement face à l’Europe et à l’Etat, la vision la plus juste et la plus forte possible", écrit Eric Fruteau

Ecrit par – le lundi 01 avril 2013 à 10H03

Un souffle nouveau est nécessaire, une nouvelle ère de la décentralisation s’impose. Comment les gouvernants nationaux et les élus locaux envisagent-ils de prendre à leur compte ces objectifs, afin d’en tirer le meilleur pour  La Réunion et les Réunionnais ?

Réflexe d’adaptation et modèle de développement

Je l’ai écrit à plusieurs reprises, (livre « Développons La Réunion », tribunes « Emplois aidés…vers l’espoir d’une Réunion développée ! »,  » La situation réunionnaise s’aggrave, comment sortir de l’impasse ? « ) il est primordial que nous installions, dans le cadre l’union européenne et de la république française, un nouveau mode de gouvernance qui inscrive notre département dans une logique de codécision avec l’Etat. Un Etat ni censeur, ni providence, mais régulateur garantissant  et améliorant la démocratie en permettant réellement un processus participatif responsabilisant chaque citoyen.

Aussi, au regard de nos spécificités et difficultés (éloignement, insularité, positionnement géographique, retards structurels et crise conjoncturelle,…), au regard des défis à relever (démographiques, environnementaux, énergétiques,…) le réflexe d’adaptation doit primer dans toute décision législative. Telles sont les conditions d’un réel aboutissement de la promesse républicaine de l’égalité entre territoires et citoyens d’un même pays.

Des péréquations nécessaires

Par conséquent, une grande vigilance est nécessaire et les parlementaires doivent se saisir de cette opportunité pour faire gagner La Réunion des prochaines années. Les questions suivantes ne sauraient restées sans réponse : Comment les nouvelles orientations permettront-elles de  rattraper le retard de notre île et de rééquilibrer les microrégions (Potentiel fiscal faible de l’Est, retard de développement économique,…) ?

Quelle péréquation entre régions riches et régions pauvres pour corriger au plus juste ces inégalités ? Quelles politiques et gouvernance pour réduire les disparités entre citoyens leur offrant une même chance de réussite, un égal accès à la santé, à l’éducation, aux loisirs,… ?

Le futur schéma régional de développement économique dressé par la prochaine conférence territoriale (regroupant les exécutifs des intercommunalités, du département et de la région) saura-t-il tenir compte de ces préoccupations ? Chaque collectivité a-t-elle déjà réfléchi à ces changements (par exemple,  la coordination des transports publics pour la région, l’aménagement numérique pour le conseil général ou encore les plans locaux d’urbanisme pour les intercommunalités) ?

Les enjeux structurants…

2013 est donc une année décisive : année de la réforme institutionnelle certes, mais aussi celle du temps de la négociation : dans le cadre de la politique agricole commune et de la convention canne ; dans celui des fonds européens (POE 2014-2020) et du contrat de plan état région (CPER) pour la même période.

Comment les exécutifs en place envisagent-ils cette préparation avec l’ensemble des élus ? Quels sont les projets structurants et répondant aux défis de l’emploi et de la cohésion sociale, du logement et de la formation, du développement économique et agricole, du désenclavement, de l’eau et des énergies, de la sécurité alimentaire, de la compétitivité des entreprises, de la recherche,…

Aurons-nous à positionner au moment de cette négociation ? Les objectifs fixés pour l’ensemble des RUP à l’horizon 2020,  seront-ils en phase avec les enjeux structurants qui concernent les bassins de vie de nos outre-mer ? A toutes ces questions il est urgent d’apporter des réponses.

Pour ce faire, la contribution de chacun est essentielle. Je propose que chaque collectivité prenne une initiative, et lance, par anticipation,  le débat pour faire émerger  solidairement face à l’Europe et à l’Etat, la vision la plus juste et la plus forte possible.
Cette vision constituerait le socle d’un projet de développement durable, solidaire qui s’appuierait sur la nouvelle gouvernance de codécision avec l’Etat dont l’acte III de la décentralisation aura jeté les bases.

Eric FRUTEAU

 

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