« Après une réflexion mûrie, il apparaît de mon devoir de porter à votre connaissance des faits susceptibles d’avoir rompu significativement l’équité entre les candidats de la deuxième circonscription du département de La Réunion, à l’avantage de la candidate élue de façon contestable dès le premier tour, et aux détriments des neufs candidats qui, se partageant 11,19 % des votes, n’ont pu espérer le remboursement de leurs frais de campagne. »
C’est par ces mots que l’ex-candidat Guillaume Kobéna s’adresse aux membres du Conseil constitutionnel, seule juridiction habilitée à trancher le contentieux des élections nationales. Malgré son très faible score (0,22%), il ne peut se résoudre à accepter ce qu’il considère comme un favoritisme pour certains candidats.
Lui, le « petit candidat » reproche à certains de ses concurrents d’avoir bénéficié d’une couverture médiatique qui aurait favorisé « l’inéquité » de l’élection. Ses arguments sont chiffrés. « Le CSA m’a informé que les temps de parole qui leur ont été transmis depuis le 21 mai 2012 concernaient effectivement quatre candidats sur douze, dont Madame Huguette Bello. Le CSA précise qu’il a signalé à Réunion Première la rupture d’équité consécutive à l’éviction de huit candidats sur douze. »
Pour étoffer son argumentaire, Guillaume Kobéna situe les différentes candidatures dans leur appartenance politique respective. « Si Madame Huguette Bello a effectivement déclaré rattacher sa candidature à un groupe parlementaire auquel 75 candidats ont indiqué se rattacher, elle a disposé de bien plus que sept minutes d’émission diffusée par la société nationale de télévision et de radiodiffusion « Réunion première » pour le premier tour, sa première intervention étant déjà litigieuse durant plus de huit minutes » écrit-il.
Huguette Bello a donc bénéficié d’autant de temps d’antenne, dans des émissions diffusées par Réunion Première, que les candidats Laurence Lougnon (PS), Sandra Sinimalé (LRC) et Jean-Yves Langenier (PCR) ». Toujours selon les appartenances aux groupes politiques. L’ex-candidat divers gauche conclut, dans un rapport ultra-détaillé destiné au Conseil constitutionnel, que la députée renouvelée à son poste « a bénéficié, dans le cadre de sa campagne de premier tour, de faveurs indues de la part Réunion Première Radio susceptibles d’avoir déterminé son élection au premier tour ». Les décomptes du CSA semblent aller en sa faveur. Mais les chiffres présentés suffiront-ils à amadouer les Sages au regard de l’écart de voix très conséquent entre le vainqueur de l’élection et son second ?
Rappelons qu’Huguette Bello a été déclarée élue au premier tour de scrutin du dimanche 10 juin 2012 avec 67,14% des suffrages exprimés.