Depuis la loi du 11 février 2005, les entreprises publiques ou privées d’au moins 20 salariés sont tenues d’employer des travailleurs handicapés à hauteur de 6 % de leurs effectifs. Deux associations reçoivent et gèrent les sommes provenant des entreprises qui ne respecteraient pas la loi : l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) pour le privé et, pour la fonction publique, le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). Pour l’année 2008, les entreprises auraient versé 183 millions d’euros au FIPHFP et les entreprises privées 592 millions d’euros. L’augmentation de ces pénalités est prévue dans un mois et demi.
Au-delà de ces procédures pénalisantes, associations et professionnels entendent poursuivre leur action de sensibilisation à l’encontre de l’ensemble des entreprises, et notamment celles de moins de 20 salariés qui ne sont pas soumises à ces obligations. La semaine pour l’emploi de ces personnes a justement pour ambition de faire échanger travailleurs et employeurs.
Dans une étude réalisée entre septembre et octobre 2009, l’Agefiph montre que les salariés handicapés se sentent globalement bien intégrés dans leur entreprise. Ils se disent majoritairement satisfaits de leur poste et se montrent très impliqués dans leur travail, voire surinvestis professionnellement. A La Réunion, 360 personnes en situation de handicap ont trouvé un emploi en 2008 (contre 100 en 2000). Encore 1.800 cherchent actuellement un emploi.
« On pense que le travailleur ne s’adaptera pas »
A l’occasion de cette semaine pour l’emploi des personnes handicapées, 17 entreprises ont accepté de participer à l’opération « un jour, un métier en action ». L’entreprise Guerrini est une entreprise de Saint-André spécialisée dans la poterie, gérée par un chef d’entreprise lui-même reconnu travailleur handicapé et qui a déjà recruté des travailleurs handicapés au sein de son équipe de six personnes. Jean-Jacques Guerrini, qui est sourd, pense que le handicap de la surdité est l’un des plus difficiles à intégrer dans l’entreprise, non pas pour lui, mais dans la représentation des personnes. « Il y a beaucoup de représentations autour des personnes handicapées. On pense que le travailleur ne s’adaptera pas, qu’aucun handicap n’est compatible avec l’activité… A Cap Emploi, on a la preuve qu’avec un diagnostic réalisé en amont, une étude des contraintes du poste, il est tout à fait possible de trouver un travailleur correspondant aux critères« , souligne Max Técher, le président de Cap Emploi.
Comme Jean-Jacques Guerrini, de plus en plus d’entreprises jouent le jeu. Pour les aider, Cap Emploi propose des actions de formation pour pallier le manque de diplômes des personnes handicapées. « Il est vrai que 60% des personnes concernées n’ont aucun diplôme, cette année ils sont 700 à avoir bénéficié de formations professionnelles ». Mais dans un contexte de crise, les entreprises affirment avoir déjà d’autres difficultés à régler. A cela, Max Técher propose plusieurs solutions : « L’entreprise peut au moins accueillir des personnes en formation professionnelle, en stage. Une candidature éventuelle en sortie de crise. Elle peut également sous-traiter avec le milieu protégé, l’ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le Travail) », affirme le directeur.
Depuis le 10 novembre, un comité interministériel du handicap a été mis en place, sous l’autorité du Premier ministre. Il renforce la cohérence interministérielle et la transversalité d’actions qui doivent être menées sur tous les fronts : l’emploi, la scolarité, l’accessibilité sous toutes ses formes, la santé, etc. Nadine Morano a d’ailleurs annoncé que l’un des chevaux de bataille à venir se passera dans l’Education nationale.