« On jette à peu près 40 à 43.000 litres de lait par jour ». Le constat est de Jérôme Gonthier, président de la fédération régionale des coopératives agricoles depuis trois ans.
Le lait étant racheté entre 60 et 70 centimes le litre par la Cilam, le calcul fait grimper l’addition, pour dix jours de lait sacrifié, à 240.000 euros de pertes pour les éleveurs dans l’hypothèse la plus basse et jusqu’à 300.000 euros si le rachat à 70 centimes est plafonné.
Jusque-là, la coopérative Sicalait supporte les pertes enregistrées par les éleveurs. Mais le mécanisme est faussé. « La Sicalait appartient aux éleveurs », rappelle à toutes fins utiles son président Patrick Hoarau. « Indirectement, ce sont les éleveurs qui le paieront (le lait perdu, ndlr) », explique-t-il avant d’ajouter un élément nouveau : « si ce n’est que la Sicalait qui supporte cette perte… ».
Ce mécanisme d’assurance pourra jouer combien de jours ? La question n’est pas à l’ordre du jour à la Sicalait. « Aujourd’hui on ne parle pas de ça, il faut entamer les démarches les unes après les autres. Et la première c’est que notre lait entre dans l’usine », priorise Patrick Hoarau.
Même son de cloche du côté de Jérôme Gonthier: « C’est bien l’éleveur qui perd parce que l’éleveur est propriétaire de la Sicalait, sur le principe du : un homme = une voix, qui régit l’esprit de la coopérative ».
La Sicalait est aujourd’hui un acteur incontournable pour tout éleveur de vaches laitières qui installe sa production. Ils sont environ 100 dans toute l’île malgré une présence accrue du côté de la Plaine des Cafres. « 99,9% du lait passe par la Sicalait », complète le président de la FRCA Réunion. La raison est simple : supporter le coût des installations pour la récolte et le transport du breuvage nécessite des moyens financiers qu’un éleveur isolé ne pourrait supporter seul.