William,
As-tu des enfants?
J’avoue pour ma part que je n’étais pas vraiment sensibilisé à ce problème avant que mes enfants ne sortent du système scolaire…
Trouves-tu normal par exemple qu’une de mes filles qui avait fait l’ESSEC (la deuxième plus prestigieuse école de commerce de France) ne se soit vue proposer ici que des postes au SMIC lorsqu’elle a cherché du travail?
Trouves-tu normal que nous parents, soyons obligés d’envoyer nos enfants travailler en Métropole, loin de leurs familles, de leurs amis (parfois de leurs petit(e)s ami(e)s…), de leurs racines, alors que, dans le même temps tous les jours arrivent à Gillot des avions pleins de personnes venant s’installer ici, et qui n’ont aucune difficulté à trouver du travail? Travail souvent surrémunéré de 53%?…
Pour résumer: nous devons envoyer nos enfants à 10.000km, dans le froid, en étant parfois victimes de racisme, et alors que nous devons payer un billet d’avion à 1.500 ou 2.000 euros pour aller les voir, pour permettre à d’autres de venir ici au soleil, dans un pays présenté comme accueillant et avec une surrémunération de 53% pour certains… Elle n’est pas belle la vie?
Attention, ne m’en veuillez pas de schématiser à l’extrême pour les besoins de ma démonstration… Bien sûr que tous les métropolitains n’ont pas un travail et que tous les Réunionnais sont au chômage…
D’ailleurs, dans Réunionnais, j’inclus tous les Métropolitains vivant actuellement à la Réunion. Le problème va se poser dans les mêmes termes pour eux bientôt, puisque quand leurs enfants chercheront du travail, ils vont connaître les mêmes difficultés.
En fait, il ne faut pas réfléchir en terme de Réunionnais contre Zoreils (ou autres…), mais entre habitants actuels de l’île de la Réunion (Zoreils compris) contre les nouveaux arrivants, d’où qu’ils viennent. Nous sommes une île, avec un territoire restreint, avec un chômage record en Europe. Quel pays, dans ces conditions, peut accepter sans rechigner de voir de nouveaux arrivants débarquer tous les jours, en plein âge productif, et qui vont donc se mettre à la recherche d’un emploi, s’il n’en ont pas déjà un… Et qui vont probablement en trouver, parmi les mieux rémunérés, puisque, je vous le rappelle, le chômage chez les Métropolitains est quatre fois moins important que chez les Réunionnais… Cherchez l’erreur!
Ensuite, il y a un deuxième problème, différent de celui que nous venons d’aborder, même s’il s’en rapproche par bien des aspects. C’est celui de l’absence de Réunionnais aux postes de responsabilité dans l’administration d’Etat et dans les grandes entreprises. Nulle question pour moi de réclamer tous les postes pour les Réunionnais, comme certains ont voulu me le faire dire… Non, quelques uns seulement… Aujourd’hui, à part le Trésorier Payeur Général (qui n’a été nommé qu’il y a quelques semaines), nous n’avons aucun Réunionnais dans les hauts fonctionnaires des administrations.
On nous dit souvent: « i[On ne peut pas nommer Untel à ce poste parce que, justement, il est Réunionnais]i ». Comme si le fait d’être Réunionnais risquait d’occasionner des passe-droits ou des privilèges. C’est d’abord une insulte faite à l’honnêteté et au sens du devoir de ces hauts fonctionnaires, mais c’est surtout particulièrement injuste puisque c’est une règle qui apparemment, ne serait valable que pour les Réunionnais. Ça n’a jamais gêné personne de nommer des Antillais aux Antilles, des Corses en Corse ou des Parisiens à Paris. Mais, à la Réunion, non, on ne peut pas…
Personnellement, je pense que c’est plutôt pour conserver les postes pour ses petits copains de promotion, histoire de leur permettre de venir dans une île accueillante, avec une surrémunération de 53%, et où dit-on il n’y a pas de racisme anti-blancs comme aux Antilles…
Attention, à force de tirer sur la corde, ça pourrait ne pas durer…