L’émotion était vive ce mardi au tribunal correctionnel de Saint-Denis. Cinq morts, une miraculée, des familles meurtries et « un seul responsable »…
John Sinaman a été [condamné en fin d’après-midi à 5 ans d’emprisonnement, dont 2 ans de sursis]urlblank:http://www.zinfos974.com/Accident-du-Moufia-Le-conducteur-condamne-a-5-ans-de-prison_a90068.html , pour avoir tué le soir du 10 décembre 2014 cinq jeunes étudiants et grièvement blessé une autre jeune, Lorraine Lauret, sur l’avenue Georges Brassens au Moufia.
A la barre, le jeune chauffard a eu bien du mal à expliquer ce qui s’est passé ce soir-là, pourquoi avoir conduit à plus de 100 km/h sur une portion limitée à 30 km/h et pourquoi ne pas avoir ralenti alors que ses passagers le lui ont demandé. Des passagers qui ont indiqué aux enquêteurs que leur conducteur roulait de façon « sportive et dangereuse ».
Selon l’un des avocats de la partie civile, John Sinaman voulait « en mettre plein la vue », « bluffer », parce qu’il était « dans un état d’euphorie » dû aux deux bières consommées juste avant. Le jeune étudiant en BTS avait en effet été contrôlé positif au test d’alcoolémie, avec un taux contraventionnel de 0,39g dans le sang. Une dose qui « ne plonge ni dans l’ivresse, ni dans le coma, mais dans une phase d’excitation » selon cet avocat.
Un passionné de mécanique
L’autre point largement évoqué a été la passion du conducteur pour la mécanique automobile- qui a obtenu son examen depuis sa cellule- et sa décision d’avoir équipé son véhicule d’un volant sportif, au détriment d’un airbag. L’expertise ne révélera cependant aucune modification permettant de booster la puissance de sa Citröen. Son avocat, le bâtonnier Georges-André Hoarau fera remarquer que John Sinaman « n’a jamais eu la moindre contravention de sa vie« . C’est l’usure du câble de transmission, et la vitesse excessive, qui auraient provoqué la perte de la roue avant gauche au début de la courbe et l’embardée de la voiture.
« J’ai prié pour eux et pour Lorraine »
Décrit comme un étudiant sérieux et « sans vague« , le chauffard a exprimé ses remords face aux proches des victimes. « Je vous demande pardon, je n’ai jamais voulu faire de mal, je n’ai jamais voulu les tuer, a-t-il confié aux familles endeuillées. Tout le temps que j’ai passé en détention, j’ai prié pour les victimes, et pour Lorraine. » La jeune femme est la seule rescapée du terrible accident, grâce au geste héroïque de son ami Raphaël Morel qui a fait bouclier pour la protéger du choc. Après de longs mois d’hospitalisation, Lorraine Lauret va mieux mais risque de garder des séquelles toute sa vie.
Le jeune chauffard a également exprimé son souhait de participer activement aux campagnes de prévention et de sensibilisation de la Ligue contre la Violence Routière qui s’était également porté partie civile: « C’est difficile d’avoir cinq morts sur la conscience à 20 ans, je souhaite que personne d’autre ne fasse la même connerie que moi« .
Au pardon du prévenu s’ajoute celui des familles. Plusieurs d’entre elles ont, malgré la souffrance pardonné le conducteur, comme les proches du jeune Djawid ou la mère de Fabien. D’autres sont encore trop meurtries par la perte de leur enfant et jugent que « la justice n’est pas assez sévère« .