Hier à Saint-Louis, trois personnes sont mortes, dont une mère et sa fille. Le meurtrier présumé, ex-compagnon de la fille, s’est ensuite donné la mort. Un nouveau fait-divers qui vient s’ajouter à une longue liste de drames de la séparation.
« Cela ne nous surprend pas« , lâche Odette Poncet, présidente de Femmes Solid’Air. S’appuyant sur le chiffre de 1.500 plaintes déposées l’année dernière par des femmes contre leur conjoint, elle regrette une nouvelle fois qu’aucun accompagnement individuel ne soit mis en place pour ces femmes. « Elles le font pour survivre à un danger extrême. Tous les jours nous recevons des femmes qui sont en danger de mort« , explique-t-elle. Pour Femmes solid’Air, les marches blanches ne suffisent plus. « Il faut aller plus loin et organiser une journée « île en deuil » (…). Il faut une véritable prise de conscience et que la population s’indigne« , ajoute Odette Poncet. Cette dernière souhaite interpeller l’Etat pour que soit créé dans chaque ville des « centres de soins » pour les hommes. Mais « il faut des moyens« , précise-t-elle. « Non à la fatalité, il faut apprendre à un homme à savoir quitter une femme. On ne pète pas les plombs comme ça, ce drame était prévisible« , souligne-t-elle.
« Triste et abattue »
De son côté, la présidente du Cevif (Collectif pour l’élimination des violences intra-familiales), Thérèse Baillif, se dit « triste et abattue » par ce fait-divers. « Nous sommes spectateurs et acteurs quotidiens de ce genre de drame« , explique-t-elle. La présidente du Cevif a demandé à rencontrer en urgence le préfet de la Réunion, Jean-Luc Marx. « L’Etat est responsable dans la lutte contre les violences faites aux femmes« , ajoute-t-elle.
« Quand on voit que François Hollande a pris parti lorsque l’avocat corse a été tué (ndlr: avocat corse Antoine Sollacaro assassiné le 16 octobre à Ajaccio), il faut que l’Etat prenne ses responsabilités dans ce drame. Quatre personnes ont disparu et on efface tout ?« , s’interroge-t-elle. Le Cevif a décidé d’interpeller récemment le gouvernement et de sensibiliser les députés et sénateurs réunionnais face à cette problématique. Mais cette sensibilisation peut encore trouver des obstacles surprenant. « Nous avons contacté le rectorat pour intervenir auprès des scolaires dans les écoles et collèges. Le rectorat ne nous a pas répondu« , regrette Thérèse Baillif.
Face à ce nouveau drame, Femme Solid’Air appelle à un grand rassemblement devant la mairie de Saint-Louis à partir de 15 heures pour dire « stop » aux violences faites aux femmes. Un rassemblement auquel participera le Cevif.