« En ce qui concerne la Réunion, il y a une absence de politique économique stabilisée. On ne sait jamais très bien quelle position adopte le gouvernement ce qui débouche sur aucune vision et aucune manière de se projeter pour les chefs d’entreprise« , explique le président de Région, Didier Robert.
Pour la Région, l’Etat s’attaque à l’économie nationale et réunionnaise sur un certain nombre de sujets, dont la politique en matière d’apprentissage. « Pour les jeunes, la voie de la formation professionnelle est un sujet majeur. Aujourd’hui, il y a un discours contradictoire porté par le président de la République et qui consiste à dire que, d’un côté la jeunesse et l’apprentissage sont prioritaires, et de l’autre, dans le cadre des réformes de la loi de finance, à aller très exactement à l’opposé du discours proposé« , poursuit-il.
Alors que la Réunion compte une augmentation de 20% des jeunes en apprentissages sur les quatre dernières années, trois mesures risqueraient selon la collectivité de mettre à mal cette filière. Ces mesures débouchent sur la réforme de l’indemnité compensatrice forfaitaire (ICF), une nouvelle modalité du crédit d’impôts, et la suppression de la contribution au développement de l’apprentissage. Un manque à gagner estimé à plus de 500 millions d’euros au plan national.
La Région compense à hauteur de 4 à 5 millions d’euros
« Sur la réforme de l’indemnité compensatrice forfaitaire, le manque à gagner pour la Réunion est de 4 à 5 millions d’euros. Si nous n’avions pas compensé, il y a aurait eu mécaniquement une division par deux du nombre d’apprentis. Mais la Région a abondé à hauteur de ce montant la défaillance de l’Etat sur ce sujet« , souligne Didier Robert.
Un choix critiqué, d’autant que le dispositif d’apprentissage est une « filière d’excellence » pour la collectivité, permettant de déboucher sur une véritable insertion professionnelle.
Un point de vue partagé par la CCIR et l’UMIH. « Cette réforme est catastrophique. Aujourd’hui nous sommes menacés de perdre 2,5 millions d’euros sur les 11 millions récoltés chaque années par la CCIR. Le risque est de voir la place de 500 jeunes en apprentissage menacée et la fermeture de filières« , explique le président de la CCIR, Ibrahim Patel.
Boycott de l’apprentissage ?
Même analyse du côté de Philippe Doki-Thonon, président de l’UMIH à la Réunion. « Je suis en colère car le système aujourd’hui marche. Et quand cela fonctionne on ne le change pas. Nous avons toujours travaillé pour le maintien de l’apprentissage, mais nous sommes prêts à le boycotter dans nos entreprises s’il le faut« , avance-t-il.
Les collectivités et acteurs économiques concernés par l’apprentissage demandent au gouvernement de faire machine arrière à ce sujet. Reste à savoir s’ils seront entendus. Ils avaient déjà alerté le gouvernement sur ce problème en novembre 2013. Si la Région a pallié à la défaillance de l’Etat en 2014 au sujet de l’ICF, pas sûr qu’elle continue sur cette orientation pour les prochaine années.